Dortoir vide. Constance n'était pas là, et rouquine non plus. De quoi te lancer dans une petite sieste improvisée ! Ce n'était pas une période très tranquille en ce moment, mais tu t'efforçais de faire les choses comme il le fallait. Tu n'avais ouvert aucun fichier pour la journée, rien revu. Non, tu avais simplement fait plusieurs longueurs à la piscine de quoi t'épuiser. Baissant légèrement les volets, tu t'es affalé à ton lit sur le ventre. Alors que tu tentais de régler ton téléphone pour une alarme dans une petite demi-heure, tu avait vite humé un soupçon du parfum de Constance sur tes draps. Faut dire que ces derniers elle squattait ton lit, bien plus qu'il y a quelques semaines voir quelques mois. Tu n'en étais pas plus dérangé que ça au contraire, cela t'avais comme arraché un sourire. Cette habitude qu'elle avait et ce besoin qu'elle avait était devenu un petit plaisir pour toi, quoique l'on puisse en dire. Une fois fait, tu t'étais contenté de fermer les yeux en espérant que Morphée ferait le reste pour toi ! Mais apparemment Morphée avait d'autres chats à fouetter, et l'ambiance du samedi après-midi n'allait pas en ta faveur. Tu entendais les portes s'ouvrir puis se refermer, les voix s'hausser, les pieds traîner mais tu avais réussi à t'endormir après avoir décalé ton réveil. Réveil qui d'ailleurs sonnait alors que la porte s'ouvrait, et que tu tentais à ne rien vouloir entendre. Te la jouer sourd d'oreille comme tout le monde le fait quand le besoin de dormir encore était trop prononcé.

Un samedi comme les autres s'annoncent pour moi. Réveil tardif d'être sortie la veille, quelques révisions avant d'aller courir un peu. En ce moment, je courre beaucoup, ça me permet de me vider l'esprit, d'oublier mes soucis et j'en ai grandement besoin. Outre le fait de vouloir chasser le souvenir de mon aventure avec le prof de lacrosse, il faut aussi que je digère l'appel de ma mène m'annonçant que mon père est à l'hôpital suite à une chute. Je sais que je ne peux rien faire pour lui mais mon envie première était de repartir pour chez moi sauf que ma mère s'y opposait. Quelque part, elle n'avait pas tord, ma présence ne changerait rien et j'ai la sensation qu'en rentrant chez moi, je serais de nouveau en train de fuir mais fuir quoi ? Je ne le sais pas.
Je dévale les kilomètres à petites foulées. Sentir l'air frais sur mon visage, mes muscles rouler, s'étirer à chaque foulée, mon souffle devenir de plus en plus court, on cœur battre la chamade me fait un bien fou. Je ne sais depuis combien de temps je courre mais le trajet retour jusqu'au campus se fera en marchant, histoire de récupérer.
En rentrant au dortoir, je n'ai qu'une envie, filer sous une douche bien chaude pour enlever la fine pellicule de sueur qui colle mes vêtements à ma peau et me préparer pour la soirée de ce soir. La première chose que j'entends en entrant, c'est une sonnerie. Suivant la musique, je m'aperçois qu'elle provient du téléphone d'un de mes ''colocs'' qui semble endormi. Je roule des yeux avant de décider d'arrêter cette musique qui me tape sur les nerfs.

Tu n'avais décidément pas envie de te réveiller. Encore un petit peu, quelques minutes te ferait le plus grand bien c'est ce que tu semblais penser, à tort. A l'heure qu'il était ce n'était pas ces quelques misérables petites minutes qui allaient te faire du bien. Mais têtu que tu es, ce n'est certainement ces arguments qui ont sur te faire sortir de ce sommeil, mais bien la présence de ta nouvelle colocataire qui semblait autant dérangée par cette sonnerie que toi, à moins qu'elle ne le fasse pour te rendre service ! Peu importe son intention, cela ne t'empêchait pas de lui dire. « Ouais c'est ça.. je t'en prie fais comme chez toi. » Vous ne vous connaissiez pas tant que ça, mais ta réputation était vite faite. Tu étais ronchon, et tu n'aimais pas qu'on touche de trop près à tes affaires. Tu lui avais pris le téléphone des mains, et t'étais rallongé sur le ventre. Le moins qu'on puisse c'est que pour autant tu n'avais rien contre elle. Pas du tout même, tu l'appréciais même sans trop en savoir sur elle. C'était question d'impression. Elle avait attiré ton intention en te bluffant et en te défiant et ça t'avais suffit à l'apprécier, mais ce n'était pas pour autant que tu ne râlais pas quand elle touchait à tes affaires, et ce quelque soit son intention.

Epuisée de ma course, je n'ai qu'une envie, prendre une douche chaude pour chasser la sueur mais aussi les derniers vestiges des soucis qui me préoccupe ces temps-ci. Malheureusement pour moi, la douche devra attendre un peu. La sonnerie du téléphone de Ciarán me vrille les tympans et comme il n'a pas l'air de s'en préoccuper, j'ai décidé de le faire moi même. Sa réflexion me fait sourire et avant de lui répondre, je lâche un profond soupire exagéré. « Quelque part, je suis chez moi ici. C'est aussi mon dortoir au cas où tu l'aurais oublié. Ceci dit, ta sonnerie est affreuse et comme tu n'as pas l'air d'humeur à l'arrêter toi-même, je voulais le faire. » Je secoue la tête amusée en le voyant se saisir de son téléphone avant de se rallonger. « Dors bien la belle au bois dormant, je demanderais au prince charmant Constance de venir te réveiller d'un chaste baiser comme dans le Disney ou par un viol comme dans l'histoire originel. » Je me retiens de rire le temps de m'éloigner pour aller prendre mes affaires pour une bonne douche chaude. Je ne sais pas ce qu'il y a entre mes colocataires, je n'ai jamais cherché à le savoir mais quelque chose me dit que ma petite réflexion va avoir des conséquences sur le sommeil de Ciarán sans que je ne puisse deviner lesquelles.

Avait-elle osé dire qu'elle était chez elle ! Crions au scandale. Bien évidemment qu'elle était chez elle mais quand il s'agissait de ton téléphone, elle n'était clairement plus chez elle, alors sa nuance bien que juste ne justifiait en rien le fait qu'elle pu mettre la patte sur ton téléphone. « Ne me fais par regretter d'avoir omis de te faire subir des règles de vie et bienséance de ce dortoir. » Avais-tu ajouté sans réserve dans la voix. Tu disais ça certainement pas de manière méchante, loin de là, tu lui disais même avec sympathie mais malgré tout tu le pensais et pas qu'un peu. Et puis reconnais, que tout allait bien mieux une fois cette satanée sonnerie arrêté. D'ailleurs, tu tentais le diable en pensant être dans une posture très confortable et propice au sommeil. Tu voulais traîner au lit, et tu allais le faire, laissant Melody faire sa vie en espérant qu'elle ne se ferait pas trop encombrante.. mais c'était raté. « Haa ! c'est vrai que c'était marrant ça ! » Avais-tu ajouté suffisamment fort pour qu'elle puisse t'entendre. Tu connaissais cette tendance de la rouquine, ou du moins tu l'avais saisit quelques jours plutôt. Encore une qui s'ajoutait au lot et qui s'amusait de ta relation avec Constance. Les gens n'ont rien d'autre à foutre que de se mêler des affaires des autres ?! Cela dit tu la jouais ronchon et tu râlais mais il en avait pas fallu plus pour te déranger au point d'oublier ton but qui avait été de retrouver le sommeil. Décidément ces derniers temps cette question était au centre de tout.

La réaction de Ciarán m'amuse. Tant de futilité me fait un bien fou, sûrement plus que courir pendant des heures. Rire n'est-il pas le remède au chagrin ? Je crois bien que si, avec les litres de glace qu'on peut s'enfiler devant une comédie romantique nous tirant les larmes même quand c'est sensé être drôle. Enfin, sur ce point, c'est possible que ça soit parce que je finis par connaître les films par cœur. « Ho mais je connais les règles mon cher, du moins, je pense. Quoi qu'il en soit, je vais ajouter ''sortir du dortoir au plus vite dès que la sonnerie de monsieur Hatfields hurle''. » Je lui décoche un clin d'oeil avant de le laisser à ses rêveries.
Oui bon, le traiter de belle au bois dormant attendant son prince charmant – alias Constance – n'est pas vraiment une drôlerie en soit mais j'ai bien remarqué qu'il y a comme un truc entre eux. Je me retourne amusée de sa réponse. « Non, ce qui est drôle c'est le jeu auquel vous jouez. A croire que vous vous aimez sans osez vous le dire. » Ca me va bien de dire ça alors que pendant quelques mois, j'ai fait l'inverse en quelque sorte, bien qu'il n'y ait pas eu de sentiments entre nous.

Sur ce coup-là, tu étais vachement premier degré. Tellement que son idée te plaisait pas mal. Bien entendu tu savais qu'elle n'était pas sérieuse, mais tu te plaisais à te dire que ce n'était pas tant une mauvaise idée. Ça t'arrangerait grandement même ! Du coup tu avais ajouté. « Ouais ben fais dont ça, ça me parait être une bonne idée ! » Ce que tu pouvais être râleur c'était impossible à supporter. Tu n'aimais pas qu'on se mêle de tes affaires, qu'on envahisse ton espace, et surtout tu voulais pas être déçu par Melody. Tu avais assuré à Constance, qu'elle n'était pas le genre encombrante ou du moins de ce que tu pensais d'elle et du peu que tu connaissais d'elle. Elle était plutôt chouette comme fille ! Est-ce que ça voulait dire que tu mettais ton sale caractère de côté ? Certainement pas ! Et surtout au delà de tout ça, tu te voulais dérangé par le fait qu'elle ait une opinion si poussée sur Constance et toi. « Mêle toi de tes affaires pour changer, tu veux ?! » Tu as fini par te relever du lit, sans oser penser à ce qu'elle pouvait raconter. Faut dire qu'il t'arrivait de partager le même lit que Constance, ça arrivait même très souvent ! A tel point que si au départ ça semblait être un besoin pour elle, ça en était devenu un pour toi secrètement mais l'arrivée de Melody et tes sentiments grandissant n'aidaient pas ta situation. « Tu dois forcément être frustrée sentimentalement, si ce n'est sexuellement pour la jouer autant fouineuse. Tu veux que je te dise... c'est à la limite du voyeurisme. » Tu l'embêtais ni plus ni moins, bien que de mauvaise foi tu pensais un peu ce que tu disais. Sans même savoir si elle s'apprêtait à commencer à se doucher ou non, tu vint récupérer ta brosse à dents, et ton dentifrice après t'être passé de l'eau sur le visage.

Il est vrai que j'ai toujours préféré me concentrer sur les problèmes des autres plutôt que sur les miens, d'autant plus depuis la grosse déception que j'ai subit. Est-ce ce que je fais actuellement ? Oui et non je dirais. Disons que me concentrer pour embêter mon coloc est plus facile que d'affronter mes pensées.
Je me contente d'esquisser un geste de la main lorsqu'il me répond avant de quitter la pièce. Cependant, je me retourne lorsqu'il me dit de me mêler de mes affaires. Je lève gentiment les yeux au ciel en souriant avant de lui répondre.« Votre vie privée ne m'intéresse pas, c'est juste que j'aimerais savoir si je ne risque pas d'avoir de surprise en rentrant. Donc, dans ce cas précis, ce sont mes affaires. Sinon, je te rassure, je suis loin d'être frustrée et je me répète, Constance et toi faites ce que vous voulez, ça ne me concerne pas. »
Entrée dans la salle de bain, je commence à me déshabiller quand Ciarán se retrouver derrière moi. Amusée, je le regarde prendre ses affaires.« Dis-moi, ne serait-ce pas du voyeurisme que tu es en train de faire ? » Je glousse légèrement avant de terminer de me déshabiller directement dans la cabine de douche. Non que l'idée d'être nue devant un jeune homme me dérange ceci dit.

Le moins que l'on puisse dire c'est que tu ignorais complètement les problèmes que pouvaient rencontrait Melody. Vous n'étiez pas assez proche pour ça. D'ailleurs tu n'étais pas assez proche de grand monde pour laisser la porte aux confidences s'ouvrir si facilement. Cela étant dit, tu  t'avançais comme souvent, et il arrivait que tu vois juste. Tu n'osais pas imaginer un tel scénario. Pourtant tu avais un truc pour Constance c'était indéniable mais le moins qu'on puisse dire c'est que tu n'avais jamais été aussi prude avec une femme, et encore moins avec une femme qui te plait. « Ouais.. ben, tu peux être tranquille de ce côté-là. » Avais-tu ajouté sans trop attendre pour camoufler le fait qu'elle t'avais un peu chamboulé avec une telle réplique. Tu dormais avec Constance, et tu lui avais assuré que ce n'était pas l'arrivée de Melody qui y changerait quoique ce soit. Tu le pensais ! Mais de là à faire des choses sous la couette, non. Tu avais comme beaucoup trop de respect pour elle et l'envisager comme une petite amie t'étais impossible, pour la simple et bonne raison que tu n'étais clairement pas à la hauteur. « Estime toi heureuse tant que je ne m'amuse pas avec le rideau de douche pendant que tu te savonnes ! » Oui, tu jouais de ta réputation sans gêne. Dans le fond tu ne l'aurais certainement pas fait. Tu étais peut-être légèrement vicieux et ce gentiment, mais jamais quand la relation ne s'y prêtait pas. Tu n'avais pas ce genre de proximité avec Melody mais il est vrai que tu t'étais incrusté sans gêne dans la salle de bains mais tu ne t'es pas éternisé.

La discussion que j'entretiens avec Ciarán me renvoit des années en arrière, quand à table avec mes parents, ceux-ci me parlaient ouvertement et librement de sexe et des expériences qu'ils ont eu avant de rencontrer l'autre. Cela ne m'a jamais déranger mais je sais que ce n'est pas le cas de tout le monde et on dirait bien que ce cher Ciarán fait partie des gens n'aimant pas parler de sexualité en dehors de leurs intimes. « Très bien, je te crois mais si ça venait à changer, promis, je vous laisserais le dortoir. » Je n'insiste pas, je sens au fond de moi qu'il est inutile de le titiller avec ça, que c'est un sujet sensible et je peux le comprendre. Je n'aimerais pas non plus qu'on vienne m'emmerder au sujet de Damen, bien qu'il n'y en ai qu'une qui soit au courant.

Nue sous la douche, je commence à faire couler l'eau. La réplique de Ciarán me parvient tout de même et me fait sourire. Je secoue la tête avant de lui répondre à mon tour. « Parce que tu crois vraiment que ça me dérangerait ? Voyons Ciarán, ne fait pas comme si tu ne connaissais pas ma réputation. » Il est de notoriété publique que je suis une fille libérée dirons-nous. Certains me nomment garce ou d'un autre nom du genre mais je m'en fiche. Je couche avec des mecs dont je ne connais pas le nom ? Et alors, ça ne regarde que moi après tout.

Bien gentille Melody qui tentait de te laisser librement le dortoir en cas de plus si affinités, pourtant tu ne le voyais pas comme ça. Tu ne voyais rien d'ailleurs. Tu ne voulais pas envisager une chose pareille. Tu avais trop longtemps travailler sur toi-même pour refouler cette attraction pour Constance que tu refusais que qui que ce soit puisse s'immiscer ainsi et se jouer de la vérité que tu te donnais tant de mal à camoufler. Tu avais donc ignorer cette remarque comme si lui répondre ne ferait qu'accentuer la conversation sans jamais lui accorder de fin. Cela étant dit tu avais rit à sa remarque. « Ne me tente pas roukie ! » Le message était plutôt clair. Ta réputation était toute faite aussi. Melody était typiquement le genre avec qui tu jouais. C'était le genre libérée et joueuse, qui jamais ne craquerait, et quand bien même ce serait le cas tel le plus grand des lâches tu nierais toute responsabilité en soulignant le fait de n'avoir jamais rien promis. La séduction était un vilain tu le savais, mais c'était aussi l'un de tes jeux favoris. Cela étant Constance n'était jamais loin, tu lui avais promis que jamais elle n'aurait à se soucier de qu'il pourrait faire avec Melody et tu t'y tiendrai ; mais cela ne t'empêchais pas d'en rire gentiment avec elle.