+ QUE PENSES-TU DE JERSEY ? Franchement ? J'aime pas. C'est trop calme, trop paradisiaque, trop... trop. Au fond je m'en fous, j'étais un peu obligé de me retrouver sur une île paumée histoire d'avoir une vie rangée et à choisir autant prendre Jersey où on parle mes deux langues maternelles, non ? C'est pas une partie de plaisir, j'aime pas plus que ça la mer et le paysage j'en ai pas grand chose à faire, après neuf ans passés en prisons n'importe quelle vue fait l'affaire... J'ai tout de même une mince consolation, il semblerait que mon ex se soit décidée à retourner à une vie bien rangée, de sorte que nous sommes voisins. + DEPUIS COMBIEN DE TEMPS VIS-TU ICI ? Quelques semaines, peut-être deux mois j'en sais trop rien. Pas longtemps en tout cas. A peine quelques mois après ma naissance à Sheffield, au nord de l'Angleterre, mon père a été muté à Florence, en Italie oui oui. Nous avons vécu là durant toute mon enfance et mon adolescence, c'est d'ailleurs là que j'ai rencontré mon unique amour, ma voisine. Bon, d'accord, au début je la détestais mais nos parents nous destinaient à finir ensemble et c'est finalement arrivé tout naturellement. Bref, lorsque j'ai eu dix-neuf ans j'ai voulu retrouver mon pays natal, je suis donc retourné en Angleterre et, là, j'ai tué un mec, je me suis retrouvé en prison, après neuf ans plutôt que quinze j’ai été relâché pour bonne conduite et je suis en conditionnelle sur ce bout de terre paumé. + SI TU DEVAIS RÉSUMER TA VIE EN TROIS MOTS: FRATERNITÉ, du moins avant que je ne quitte Florence il y a déjà onze ans. Mon petit frère, né en Italie quand j'avais quatre ans, remplissait toute les fonctions possibles. Il jouait le rôle de mon meilleur ami, de mon confident, de mon pire ennemi aussi de temps à autre, mais peu importait nos rares désaccords, nous étions les meilleurs amis du monde. Jusqu'à ce que je décide de partir. Je lui ai demandé de venir avec moi, mais il était trop attaché à Florence et à la routine qu'il s'était instaurée que pour me suivre. Dès lors nous nous sommes beaucoup éloignés. Et les appels entre nous ont cessé lorsque j'ai été emprisonné. Aucun membre de ma famille n'a plus la moindre nouvelle de moi depuis plus de neuf ans et je n'ai pas l'intention de faire changer les choses, ils auraient bien trop honte de voir ce que je suis devenu. Décevoir mon frère est la pire chose qui puisse m'arriver. CAVALE, premièrement car j'ai passé plus de deux ans à faire toutes les conneries possible avec ma copine, ensuite car après avoir tué le type ayant osé la toucher j'ai disparu de la circulation durant de longs mois, fuyant la police tout en continuant ma vie de dépravé. PRISON, j’estime qu'après neuf ans en cellule, c'est l'un des principaux événements de ma vie. C'est là que je me suis calmé, plus pour pouvoir sortir avant 2020 de prison que parce que cela m'a appris une leçon... + TU AIMES/TU N'AIMES PAS J'aime mon frère même si on en s'est plus vu depuis plus de onze ans, j'aime Zadig bien que les choses soient extrêmement compliquées, j'aime également la solitude, profiter de mes nuits de repos pour me balader seul dans l'île aux fleurs -bien que les fleurs et moi...-, j'apprécie la pluie, l'orage et, depuis ma plus tendre enfance, la neige. J'adore l'Angleterre et la ville de Florence. Par contre, je ne supporte pas qu'on m’appelle Ashley, d'ailleurs je déteste mon prénom. Je n'aime pas plus que ça les gens, je n'aime pas les animaux, j'ai beaucoup de mal avec les enfants, je n'aime pas les petits espaces ressemblants à une cellule de prison. + TES PLUS GRANDES PEURS ? Que ma famille apprenne pour mon séjour en prison, je leur cache depuis onze ans que j'ai totalement perdu les pédales une fois en Angleterre et cela fiat neuf ans qu'ils n'ont plus entendu parler de moi, je préfère que les chsoe demeurent ainsi. C'est ma seule peur, avec celle de perdre mon frère mais c'est déjà fait depuis bien longtemps... Je n'ai aucune phobie, plus vraiment d'être cher pour lequel m’inquiéter, en bref je n'ai plus rien à perdre et rien ne me fait peur. + COMMENT VOIS-TU LA POPULARITÉ DE L’UNIVERSITÉ POUR LE BIEN DE L'ÎLE ? J'en ai juste rien à faire, moins il y a de gens mieux je me porte, la compagnie n'est pas la chose la plus indispensable à mon existence et nombre d'étudiants me tapent sur le système. Mais si je devais être objectif je dirai que c'est une bonne chose pour le développement de l'île qui voit de plus en plus de gens arriver grâce à l'université qui accueille de plus en plus d'étudiants. Et je ne vais pas me plaindre car qui dit étudiants dit clients du Mimosa. Et, parfois, c'est synonyme de locataires, ce qui m'arrange bien. Oui, l'université rend l'île plus prospère. + EST-CE QUE LES ETUDIANTS FONT PARTIS DE TON QUOTIDIEN ? J'en côtoie certains personnellement, on va dire que ce sont des amis. D'autres des ennemis auxquels je n'accorde pas la moindre importance. Ils font surtout partis de mon travail, en tant que videur de la boite la plus populaire de l'île de Jersey, je passe mes soirées et mes nuits à les voir défiler, à en bloquer certains à l'entrée, à débarrasser des étudiantes d'étudiants imbibés devenus collants,... + POURQUOI AS-TU CHOISI TON MÉTIER ACTUEL ? Je ne sais pas si on peut dire que je l'ai vraiment choisi. Depuis que je suis gamin mon rêve étaient de devenir policier, gendarme ou pompier. Trois métiers qui, avec un casier judiciaire tel que le mien, sont parfaitement inaccessibles et ce à jamais. On efface pas un meurtre de son casier, pas même des "violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner". Du coup je me suis rabattu sur le boulot de videur, au fond ça m'amuse assez, j'aime encore bien. Et puis proprio d’appartements, que voulez-vous que je vous dise, rien d’amusant à cela mais ça paye bien et c'est le but.