Il parait qu'elle a du courrier. En fait, elle est tellement endormie encore qu'elle ne sait même plus qui l'a réveillée pour lui dire ça. Elle ne sait pas quel jour on est ni même qui ça peut être. Ce sont peut-être les résultats d'examens... Non, non, son état de comatage n'est pas là parce qu'elle a trop bu la veille au soir. Non, malgré ce qu'on en croirait, Nevaeh n'est pas comme ça. Elle supporte mal la compagnie humaine, pour dire vraie. Elle est juste décalquée, il ne faut jamais réveiller Nevaeh. Vêtue de sa chemise de nuit et d'un gilet trop grand pour elle qui doit appartenir à quelqu'un dans son dortoir, elle erre dans les couloirs comme un fantôme. Elle descend quelques marches, écrase un bâillement dans son poing fermé et entre dans le petit hall qui accueille les boîtes aux lettres. C'est là qu'elle bouscule quelqu'un venant d'un couloir en face – et donc des Zeus. Elle relève ses yeux bleus encore ensommeillés, ceux-ci s'éclairant dès même qu'ils croisent ceux de son interlocuteur. « Woody ? Tu me suis ou quoi ? En tout cas, sexy ton pyjama. » Elle lui adresse un sourire effronté, tentant seulement de cacher son léger trouble en le voyant. De toute façon, ça passe toujours inaperçu avec lui. Pourquoi ? Parce que sans que la petite pyromane ne sache vraiment pourquoi, il est encore bien plus troublée qu'elle dès qu'ils se croisent.

Elle a toujours trouvé ça à la fois dérangeant et fascinant. Cette façon qu'il a de la regarder. Comme si elle était unique, comme si elle était l'amour de sa vie, comme s'il connaissait déjà ses moindres failles et qu'il l'aimait quand même. En fait dans son regard, elle a l'impression d'être une autre et ça la dérange, même si elle ne lui a jamais clairement demandé pourquoi est-ce qu'il la dévisage toujours ainsi. En attendant qu'il réponde, elle contemple simplement son visage. Quelle gueule d'ange celui-là aussi. « Nevaeh... Hum, non, je... je venais chercher mon courrier » Elle fait mine d'être super étonnée. Elle a toujours besoin de jouer un peu la comédie, c'est plus fort qu'elle. C'est tout ce qu'on lui a appris à faire, en réalité. « Ah bon ? Non, c'est pas vrai ! Je pensais que tu venais mater la finale de Secret Story moi. » improvise-t-elle avec un sourire amusé. Non, elle ne regarde pas tout ça. De toute façon, elle a toujours vécu sans télévision, c'est pas aujourd'hui que ça va lui manquer. « Et, euh, merci, toi aussi. » Elle baisse lentement les yeux, ses prunelles bleues s'arrêtant sur son torse. Elle aurait presque envie de le toucher tant il semble musclé, mais se retient, se contentant plutôt de le dévorer des yeux sans aucune gêne. Avant d le remonter simplement. « Tu fais beaucoup de muscu' toi, non ? Ça paye. » commente-t-elle avec un hochement de tête, comme si elle était sa coach sportive. Il semble si fébrile face à elle... Parfois, elle se demande s'il n'aurait pas dû aller chez ses romanticos d'Apollon plutôt que chez les Zeus. Elle en profite pour récupérer ses lettres, ne trouvant en fait dans la boîte que des choses inutiles. « C'est le pull de ton copain ? » Elle se retourne, sourcils froncés. Elle observe le pull et relève les yeux en grimaçant. « En tout cas il a bon goût, j'aime bien. » Elle croise les bras sur sa poitrine, secouant la tête. « C'était pas habile comme façon de demander. » Elle fait la moue, ébouriffant ses cheveux roux. « Mais pour te répondre, non, ça doit être celui d'un des types qui partagent ma chambre, j'en sais rien en fait. Le seul mec c'est Vadim je crois. Ou un truc dans l'genre. J'lui demanderai s'il peut te le prêter si tu veux. Et non, c'est pas mon copain. » fait-elle avec un clin d'oeil malicieux, taquine, cherchant toujours à tester les réactions du beau brun en face d'elle.

Elle s'en fiche, elle, de le mettre mal à l'aise. Ou bien d'avoir l'air intrusive. Ou de le gêner avec son regard insistant sur son corps dénudé. Qu'importe ? « Hum oui, j'y vais plusieurs fois par semaine. » Elle hoche la tête, comme si elle prenait note intérieurement. C'est peut-être ce qu'elle fait d'ailleurs. Puis vient la question sur son pull, où il mention un certain « petit ami ». Mais elle serait bien en peine de lui répondre par l'affirmative. « Non, non mais c'est pas ce que tu crois hein, enfin, c'était une question, comme sa quoi. » Elle sourit, ne se cachant pas pour lui montrer qu'elle a vu clair dans son petit jeu. Elle se rapproche de lui, lui adressant un clin d'oeil complice. « T'en fais pas, je dirais rien. » fait-elle en riant un peu, comme si elle lui promettait de conserver son secret. Quel secret ? Qu'elle lui plait ? Elle n'a pas la prétention de se dire ça. Mais tout de même, les regards que le beau brun porte sur elle la troublent toujours un peu plus tant ils sont insistants. Elle a parfois l'impression qu'il la connait par coeur. « Euh, non, non il peut le garder, ou tu peux le garder aussi. » Malicieuse et provocatrice, elle hausse un sourcil. Elle fait encore un pas vers lui. « T'es sûr ? Je peux l'enlever hein si tu veux.. » murmure-t-elle d'une voix mutine, plongeant dans son regard, avant de le descendre sur son torse nu et de le remonter avec un sourire encore plus malicieux. Bien sûr, elle n'est pas sérieuse. Enfin, c'est son truc de faire croire aux mecs qu'elle l'est et de se dérober au dernier moment. Mais là, elle n'est pas bien sûre de savoir lui résister correctement. Un peu gênée de la façon dont il la regarde, elle fronce le nez et regarde tout le courrier qu'il a dans les mains. « Ce sont des lettres de ta chère et tendre ? » Il a choisit le pull, elle le courrier ; chacun sa méthode pour obtenir une information, hein.

Elle voit bien qu'elle le trouble, surtout à lui parler comme ça. Parfois, elle se trouve cruelle de continuer à lui faire tourner la tête. Mais aussi, elle se dit que c'est effrayant cette façon qu'il a d'agir avec elle. C'est un Zeus, non ? Il devrait être sûr de lui, n'avoir qu'envie de la foutre dans son lit, et prendre tout le monde de haut. Ouais, elle a certains préjugés sur les Zeus. Mais lui, non. Il est aussi fébrile qu'un adolescent face à elle, et elle n'arrive pas à comprendre pourquoi. « Non, non mais je t'assure, tu te trompes, enfin je sais pas ce que tu penses mais c'est pas ça. » Elle affiche un sourire entendu, l'air de dire c'est ça, parle toujours je t'écoute, en haussant les épaules. Elle ne changera pas d'avis de toute façon. « Ah non, non il te va très bien. » Donc il ne veut pas qu'elle se déshabille ? Bien que Neva soit de loin le genre de fille facile à entrer dans n'importe quel lit, elle essuie un refus cuisant. Elle fronce les sourcils sans répondre, presque vexée. Elle change alors de sujet. « Hum, non, je ne sais même pas de qui vient cette lettre. » Elle a l'impression d'avoir Pinocchio en face d'elle. Peut-être qu'il a un problème psychologique – elle croit que ça s'appelle la mythomanie – et qu'il a un besoin impulsif de mentir tout le temps ? Elle ne dit rien, faisant mine de le croire. « C'est des lettres de Londres je connais personne là-bas sa doit être une erreur. » Elle l'observe ranger la lettre dans sa poche arrière. Croit-il vraiment qu'il ne lui faut que ça pour décrocher d'un sujet ? Il ne la connait vraiment pas. Elle s'approche alors, taquine, son regard plongé dans le sien. D'un pas félin et gracieux, elle s'approche tellement qu'elle finit par se coller contre son torse sans avoir lâché son regard. Elle approche insolemment ses lèvres des siennes, les frôlant. Simple diversion. Sa main, elle, s'abat brusquement dans son dos jusqu'à son jeans où elle récupère l'enveloppe pliée en deux. Elle s'écarte alors d'un seul coup, lui lançant un coup d'oeil victorieux. Elle l'observe, la tenant sans l'ouvrir. « Alors... si c'est une erreur, je peux l'ouvrir moi ? » demande-t-elle, maligne.

Parfois, elle se demande comment elle fait pour avoir des amis en étant une garce comme ça. Ah oui, c'est vrai. Elle n'a pas d'amis. Enfin, pas beaucoup. En même temps, elle ne fait pas grand chose pour, il faut avouer. Il semble vraiment troublé par sa proximité, et le moins qu'elle puisse dire, c'est qu'elle l'est aussi. Parce qu'il est l'un des rares à lui faire vraiment de l'effet, et que si elle s'écoutait, elle l'aurait déjà violé là devant les boîtes aux lettres.    Mais de temps en temps, elle sait être raisonnable. Rarement. « Euh, non, c'est mon courrier, et puis c'est peut être quelqu'un que je connais partit en vacances là-bas. » Il semble réellement nerveux, presque paniqué à l'idée qu'elle ouvre cette lettre la première. Elle inverse brièvement la situation dans sa tête, et se demande ce que ça lui ferait que quelqu'un fasse pareil avec une lettre importante. Elle serait très très très en colère. Alors, elle capitule. « S'il te plait Nevaeh, rends-moi la lettre. » « Bon, bon, tiens. » fait-elle, en faisant tout de même mine de le faire à contre coeur. Elle lui tends l'enveloppe, avant de se reculer pour s'appuyer contre les boîtes aux lettres qui grincent légèrement. Elle esquisse un semblant de sourire. Genre... un vrai sourire. Puis il disparait. Ça passe comme une comète et hop, pfiouh, volatilisé, pour garder de nouveau ce sourire mi-hypocrite mi-distant. « Tu devrais pas mentir comme ça, tu sais. Je sais pas qui t'envoie cette lettre et je m'en fiche, pour être honnête, mais si tu mens à tout le monde, tu vas pas aller loin dans la vie. » Et c'est elle qui dit ça ? Elle hausse les épaules, comme si elle lui donnait des conseils. Elle attrape une mèche de ses cheveux roux et étrangement, elle n'a pas envie de retourner à son dortoir de suite. « Tu es un Zeus toi, c'est bien ça ? » Elle connait la réponse, et depuis longtemps, mais c'est juste histoire de lancer la conversation.

Elle n'est soudainement plus très fière d'elle, se demandant bien pourquoi est-ce qu'elle se mêle des affaires des autres quand bien peu se mêlent de ses affaires à elle. « Je n'ai pas mentit, je ne sais vraiment pas de qui vient cette lettre. » Elle hoche la tête. Après-tout, ce n'est pas ses affaires, et ça ne changera pas sa vie s'il sait ou pas de qui vient cette lettre; ça ne la concerne pas, elle. Elle détourne le regard, lentement, attendant sa réponse. Elle ne le regarde même plus, fixant la petite fenêtre près du plafond comme si elle pouvait s'enfuir. « Hum, ben oui, a ce qui parait. » Bon, au moins, elle peut aisément se rendre compte qu'il n'a pas vraiment envie de faire la conversation. Peut-être a-t-elle inventée les regards qu'il porte sur elle. Peut-être qu'elle s'est tout simplement fait des idées parce que personne ne s'est jamais réellement intéressée à elle. Elle ne sourit même plus, revenue l'espace d'un instant bien sombre. Comme pour se détendre, elle sort un briquet de sa poche arrière. Non, Nevaeh ne fume pas. Jamais. Mais pourtant, elle garde toujours son briquet sur elle, n'importe où elle va. Ça la détend lorsqu'elle a de sombres pensées. Elle fait rouler la petite vis et une flamme en sort. Elle l'observe, fascinée, sans détacher son regard de celle-ci. « Hmm, j'imagine que tu dois être demandé par la moitié du campus alors, t'es pas obligé de me tenir compagnie. » Elle relève les yeux, la flamme toujours là, pour lui adresser un simple regard.

« Je m'oblige à rien du tout... je suis content d'être la » Elle ne comprend pas vraiment. Ils ne se connaissent quasiment pas, juste de vue de temps à autre, pourquoi est-ce qu'il est content, hein ? Elle ne voit pas vraiment ce qu'il peut trouver de chouette à traîner avec la Hadès bizarre qui se trimballe avec la moitié de ses doigts brûlés et son sarcasme comme habitude. « Tu sais, je... je suis pas un Zeus par envie ou par réputation, je me fiche pas mal de tout ça. » Elle fronce les sourcils, surprise. Elle coupe la flamme, pour se concentrer entièrement sur lui. Sinon, elle est distraite par l'appel du feu. « Alors c'est pour quoi ? Je pensais que la majorité des Zeus le devenaient rien que pour ça. » admet-elle. Après-tout, peut-être qu'elle se trompe sur cette confrérie. Elle n'en sait trop rien c'est vrai. Elle rallume son briquet. « Dis, t'aurais pas une cigarette ? » Sa flamme se coupe de suite et Neva lui offre un sourire un peu étrange. « Non. Je ne fume pas. » Oui, réponse qui peut s'avérer surprenante lorsqu'on la voit jouer avec ce briquet. Elle s'avance doucement vers lui, féline. « Tu veux qu'on aille à ton dortoir t'en chercher ? » Ben oui, s'il veut fumer, et qu'il veut aussi rester avec elle... ça lui semble être la seule idée pour combiner les deux, non ?

« Et ben en fait, j'ai pas vraiment choisi c'est mes... parents qui m'ont mit chez les Zeus. » Non, elle ne pose pas d'autres questions. Peut-être que c'est normal. Peut-être qu'à l'inscription, les parents peuvent choisir. Enfin, pour ceux qui en ont. Neva n'en sait rien, elle, de ce que ça fait d'avoir quelqu'un qui choisit pour elle. Alors elle garde le silence. « Oui, allons-y » Toujours silencieuse – pour une fois, il faut en profiter, c'est pas souvent qu'elle est si tranquille – elle le suit jusqu'à son dortoir. Le numéro trois. Elle le retient, quelque part dans sa tête, au cas-où. Elle attend dehors, sage comme une image... Une fois qu'il la rejoint, elle marche vers la porte de sortie, avant de se tourner vers lui. « Tu gardes ta fumée pour toi hein. Y a toute une ribambelles de mecs qui trouvent ça sexy de cracher leur fumée à la gueule des femmes, et moi, je déteste ça, au moins t'es prévenu. » En guise de point final, elle lui fait un sourire absolument adorable et angélique, histoire que sa "mise en garde" passe mieux. Elle s'assoit sur le rebord d'un muret, quand bien même est-elle encore vêtue avec son grand pull trop grand. De toute façon, il n'y a pas grand monde qui se promène sur le campus à cette heure-là. « Ça va t'as pas trop froid ? » fait-elle avec un sourire amusé en observant son torse de nouveau.

Nevaeh n'est pas vraiment ce qu'on pourrait appeler quelqu'un de curieux. La plupart du temps, si elle pose des questions, c'est pour importuner l'autre, et pas réellement pas soucis de curiosité. La vie des autres, elle s'en fiche. Ça ne lui changera pas la sienne. « Ouhla t'inquiète pas pour sa, surtout que je vois vraiment pas ce qui pourrait y avoir de sexy la dedans. » Elle lui adresse un fin sourire, un peu surprise c'est vrai, parce que c'est la première fois qu'elle rencontre vraiment un mec différent à ce point-là des autres. Elle ne dit rien, mais depuis tout à l'heure, il marque des points. Elle aime sa façon d'être. « Non ça va, il fait bon, et puis le soleil commence à sortir. » Elle le regarde, avec un sourire sincère, haussant les épaules. « Oui c'est vrai... Mais tu n'as pas peur que toutes les filles viennent s'engluer à toi comme des mouches en voyant ça ? » fait-elle, désignant du menton son torse nu et si parfait. Ben ouais, elle reste une fille, franchement ça se voit que vous n'avez jamais eu un tel torse sous les yeux. « C'est quoi ces marques sur tes mains ? » Elle se fige un peu. Elle baisse les yeux vers ses mains, hésitante à lui dire ça, puis elle relève ses grands yeux bleus vers lui. Elle sort de nouveau son briquet. « C'est à cause de ça. Tu sais, le proverbe qui dit qu'à force de trop jouer avec le feu, on finit par se brûler ? Ben c'est vérifié sur le plan physique de la chose aussi. » fait-elle avec un sourire ironique, lui indiquant juste que ce sont des brûlures ... et pas leur véritable nature, addiction malsaine.

Entre gens dits « bizarres », c'est peut-être pour ça qu'ils s'entendent bien. « C'est pour sa que je sors à cette heure-ci, parce que aucune d'entre elle n'est sortie encore. » Elle fait mine d'être vexée, croisant les bras pour détourner le regard. Elle fronce un peu le nez. « Ah oui, d'accord, et moi j'suis quoi alors ? Un moustique ? » Finalement, elle se fait rire toute seule – c'est pour ça qu'elle n'a pas beaucoup d'amis, elle s'auto-suffit – et secoue la tête, abandonnant son rôle de pauvre fille vexée. Elle lui explique alors d'où viennent les brûlures sur ses mains. Elle les contemple par la même occasion, comme si ça représentait un certain trophée. Ou du moins, une preuve de sa folie, peut-être. « J'imagine que maintenant tu y fais surement plus attention. » Elle se met à rire tant l'idée pour elle d'être prudente lui semble dérisoire. Elle secoue la tête, plongeant au fond de son regard. « Hum... non, pas vraiment. » avoue-t-elle. Comme pour preuve, elle allume le briquet et le passe sur son index sans même une grimace. C'est un des doigts de sa main qui est le plus atteint. Elle coupe la flamme, relevant un regard presque timide vers Woody. « La plupart des doigts, je ne sens plus la douleur. Les médecins disent que j'ai perdu une certaine sensibilité, à force. Généralement, je ne montre pas ça aux gens. Après, ils me prennent pour une mutante. » fait-elle, tout à fait sincère, le dévisageant pour voir s'il va lui aussi s'enfuir. Ils le font tous, à un moment ou à un autre.

La différence, ça peut rapprocher, vous croyez ? « Mais non, seulement toi tu va pas me sauter dessus comme une furie. » Elle se met à rire aussi, complètement détendue. Complètement elle-même. Elle s'approche alors de lui, provocatrice, avec un sourire taquin sur le visage. « T'en es vraiment sûr de ça ? » Elle s'arrête, se remettant à rire. « J'plaisante bien sûr. Mais avoue que tout à l'heure, t'as cru que c'est ce que je voulais. » Elle parle du moment où elle a dû faire diversion pour récupérer cette lettre. Bon, ok, ça lui avait pas mal plus aussi mais ça, elle ne l'avouera pas vraiment. Elle est un peu hésitante à parler du feu. Les gens ne comprennent pas le genre de relation qu'elle a avec. Elle est toujours jugée, souvent fuie, parfois montrée du doigt. « Moi je te prend pas pour une mutante, tu est juste quelqu'un d'a part, qui a une particularité, et c'est bien de pas être comme tout le monde, c'est pas une tare. » Elle croit bien que c'est la première fois que quelqu'un lui dit que c'est bien. Et curieusement, ça la déstabilise. Touchée, elle sourit doucement un moment avant de répondre. « C'est la première fois qu'on me dit ça. » concède-t-elle doucement en détournant son regard pour observer la vue qu'il y a sur le campus, encore désert. Elle ne sait pas trop pourquoi elle enchaîne alors en murmurant doucement : « J'ai passé toute mon enfance, mon adolescence, quasiment toute ma vie à vivre dans un cirque. J'pense que ça fait réellement de moi quelqu'un de différent. » Elle se demande pourquoi est-ce qu'elle lui confie ça et légèrement pleine d'appréhensions, elle lève ses yeux bleus vers son beau visage.

« Non, j'ai rien cru du tout, j'en ai même pas eu le temps » Ça veut dire quoi ça, qu'il veut avoir plus le temps pour le croire ? C'est une proposition ?   Faut qu'il fasse attention, il n'en faut pas beaucoup à Nevaeh pour jouer avec les sujets indécents. Elle ne sait pas vraiment pourquoi elle lui dit ça, Nevaeh. Peut-être que quelqu'un sache dans ce campus qu'elle a été saltimbanque toute sa vie, ça la soulagera. D'ailleurs, elle se sent un peu mieux et le regarde, avec ses grands yeux bleus. « J'ai eu un accident a 17 ans... cela m'a fait perdre la mémoire. » En échange d'une réponse, il se confie à son tour. Ça la touche. Elle ne saurait pas dire pourquoi, mais d'un seul coup, elle se sent proche de lui. Elle hoche doucement la tête. Pas de j'imagine ou de je te plains pour Neva, non. Nevaeh, elle ne plaint pas les autres, ça n'sert à rien selon elle. Ça ne changera ni leur vie, ni la sienne, n'est-ce pas ? « Et tu vivais à Londres avant ça, n'est-ce pas ? » demande-t-elle sans vraiment que ça ne soit une question. Ça lui semble presque évident. Elle baisse les yeux, toujours près de lui, avant de les relever et de hausser les épaules. « J'trouve qu'on fait une bonne paire. Un type presque amnésique et une fille qui a vécu dans un cirque toute sa vie. C'est atypique, mais j'pense qu'on a en commun le fait de pas avoir grand monde sur qui compter, du coup. »

Elle se sent bizarre, la Nevaeh. Déjà parce qu'elle s'est un peu ouverte à quelqu'un qu'elle ne connait pourtant pas plus que ça, et que ça lui donne l'impression qu'il a maintenant une certaine emprise sur elle. Et également parce que lui aussi à son tour s'est confié à elle, et que ça lui fait bizarre, qu'on lui fasse confiance. D'habitude, Neva est considérée comme quelqu'un proche de la folie, elle n'a pas vraiment de gens qui lui disent « ah je peux compter sur toi », non, jamais. Alors ça lui fait tout drôle, elle se sent revêtue d'un rôle super important. Et pourtant. « C'est vrai que l'on fait un duo de choc qui peut compter que sur soi-même. » Elle lui lance un sourire. Il a raison. C'est un peu triste et pourtant, ça la fait sourire, parce qu'elle a soudain l'impression de ne plus être totalement seule. Comme si elle avait trouver quelqu'un susceptible de la comprendre, après tout ce temps. Il a l'air soudain plus nerveux et elle l'observe avec une curiosité et une patience étranges. « Tu dirais quoi que... que l'on puisse compter l'un sur l'autre... » Elle fronce légèrement les sourcils. À son tour d'être légèrement gênée, elle se mordille la lèvre doucement. « Euh, je... Je peux pas te répondre là comme ça, j'en sais trop rien, enfin c'est dur de savoir si je peux vraiment te faire confiance. » Par crainte de le blesser – vous imaginez, c'est sûrement une des premières fois qu'elle fait attention à ne pas heurter quelqu'un quoi – elle se rapproche doucement jusqu'à être devant lui, la tête levée car il la dépasse un peu. « Mais je suis sûre que si on apprend un peu plus à se connaître c'est.. possible. T'en dis quoi ? » demande-t-elle doucement, d'un ton étrangement calme, en attrapant sans réfléchir une des mains de Woody dans les siennes.