Jetant un regard derrière elle avec la désagréable impression d’être suivie, Eileen-"June" accéléra légèrement. Peut-être étais-ce simplement de la paranoïa, peut-être l’alcool ingéré au cours de cette soirée la faisait-elle divaguer. Peu importait la cause, cette sensation ne la quittait pas. Cela se confirma au détour d'une ruelle, se sentant attirée en arrière, elle prit conscience d'une main refermée sur son avant bras et envoya un violent coup de coude dans les côtes de celui qui avait osé l'approcher. « Ne me touche pas. » cracha-t-elle avant de reprendre sa route avec un regard méprisant au jeune homme plié de douleur. Parvenue dans l’université, elle soupira et prit le chemin de sa maison. Elle n'en avait absolument rien à faire des confréries, pour tout dire elle avait choisi les Hadès par défaut, et surtout car c'est là que les gens étaient le moins soudé, chose qui l'arrangeait bien étant donné sa nature solitaire et antipathique. Elle n'aimait pas les gens, elle ne leur faisait pas confiance, elle les trouvait sans intérêt et, depuis quelques semaines, alors qu’elle avait appris que son copain la trompait, elle se prenait à mépriser la plupart, en particulier les hommes. Alors qu'elle passait devant le premier dortoir de l'aile nord, retirant déjà sa veste afin d'entrer dans celui juste à côté, elle sentit à nouveau une présence dans son dos et, une fraction de secondes plus tard, une main s'abattait fermement sur son épaule. Se retournant vivement, elle lui envoya une droite en plein visage. « Je ne dis les choses qu'une fois, je t'avais prévenu, pauvre type. » Evidemment, c'était le même homme, qui n'avait visiblement pas digéré qu’elle l'ai mis au tapis une première fois. A moins qu'il soit masochiste. Imbibé comme il l'était, June n’imaginait pas les pensées déplacées qui se bousculaient dans son esprit, les idées plus stupides les unes que les autres pour lui faire payer ses deux affronts. Mais son ivresse profitait plutôt à la jeune femme qui lui asséna un nouveau coup avant de balayer ses jambes. S'étalant de tout son long, il fit un vacarme ahurissant, ce qui eu le don de réveiller un indésirable. La porte du dortoir s'ouvrit sur Sawyer Bringstone qui commença à gueuler. Elle lui aurait bien mis un coup à celui-là aussi... « Ta gueule Bringstone... » éructa-t-elle sans même lui adresser un regard.

Sawyer avait encore un sommeil agité, il devait avoir l'habitude maintenant, mais non il était en perpétuelle souffrance à chaque fois. Toujours le même visage venait dans ses rêves, et c'était toujours à ce moment là qu'il sentait son coeur battre à tout rompre, ses muscles se contracter, sa respiration se faire plus saccadée et les gouttes de sueur ruisseler le long de son visage et le long de sa cicatrice dans son dos. Il se réveilla en sursaut, ruisselant de gouttes de sueur et de larmes, il ne se rendait même plus compte maintenant qu'il pleurait dans son sommeil. Cela devait être la seule fois où il versait des larmes, sauf récemment lorsqu'il s'était rendu sur la tombe de Lola lors de son séjour à Londres il avait pleuré.. La seule raison pour laquelle il pouvait pleurer c'était pour sa défunte soeur, personne d'autre.. Le brunet se leva en douceur pour ne pas réveiller Esma qui dormait, du moins d'après lui car elle devait l'entendre gémir ou même hurler dans son sommeil. Il se dirigea vers la salle de bain et se mit de l'eau glacée sur le visage pour reprendre ses esprits. Il s'inspecta dans le miroir, il faisait peur : grosses cernes, yeux meurtris de fatigue, plaques rouges sur le visage. Quant à son corps c'était une horreur, suite à ses nombreux sauts dans le vide, il était rempli de cicatrices qui allaient s'enlever avec le temps mais en attendant elles se voyaient, et il n'aimait pas, il préférait que l'on voit ses traces d'injection plutôt que ses blessures..même si pour lui ce fut des moments uniques, gravé dans sa mémoire. Avec tant bien que mal il rejoignit son lit, il ne marchait plus avec des béquilles enfin sauf pour sortir mais de manière générale il préférait nettement se débrouiller seul. Mais la solitude et le calme étaient rares chez les Hadès. Alors qu'il venait de se recoucher l'anglais entendit du bruit et des cris dans les couloirs, tout en s'énervant il se leva, mit une veste de survêtement pour cacher ses bras puis ouvrit la porte. Il dit ou plutôt hurla « Putain mais c'est pas bientôt terminé tout ce bruit ! » Il reconnut alors June, une Hadès qu'il détestait pour ne pas changer. Et elle osa lui dire une insulte, il ferma sa porte pour ne pas qu'Esma soit réveillée et dit encore plus fort « Tu t'es prise pour quoi au juste à me dire ta gueule ? T'es rien, à tel point que tu te fais suivre par un sale type.. T'as vu sa tête ou quoi ? » Il posa son regard sur l'homme qui gisait par terre, et bien qu'il n'ait pas beaucoup de force il s'approcha de lui, le porta et le plaqua contre le mur pour l'immobiliser même si vu son état il ne pouvait pas se débattre. Sawyer n'hésita pas une seconde il lui flanqua un énorme coup de poing dans le nez, et un coup de genoux dans ses parties génitales le jetant ensuite au sol, comme un déchet. « Pour être entré dans ma maison. » Oui car entrer chez les Hadès était comme piétiner le territoire Bringstone. « Quant à toi, la prochaine fois, évite de montrer ton cul ça t’épargnera de te faire poursuivre par un imbécile ! » dit-il à l'égard de June d'un ton froid et assez macabre.

Spoiler:

Pivotant vivement vers Bringstone avec un air de défi sur le visage, Eileen-June le foudroya du regard. Si seulement un simple regard avait pu tuer... Et lui, pour qui se prenait-il au juste ? Il n'était pas mieux loti qu’elle. En fait, il l'était beaucoup moins bien qu'elle. Ce type faisait pitié. Enfin, uniquement si on savait faire preuve de pitié envers un individu pareil, ce qui n'était évidemment pas le cas de la jeune femme. Elle avait depuis longtemps cessé d'être clémente, tolérante et empathique. De plus, ce mec ne méritait rien de tout cela. Détestable et détesté. Un peu comme elle avec bon nombre de personnes, mais ils ne pouvaient pas pour autant se blairer. Que voulez-vous, qui se ressemble ne s'assemble pas toujours ! « Je suis rien ? Regarde toi un peu, connard, t'es à moitié dans la tombe, t'as vu un peu ta gueule de déterré ? » Il avait l'air à moitié clamsé, des cernes de deux mètres de long, les yeux rougis par le manque de sommeil et le corps meurtris, assez visiblement malgré le fait qu'il soit couvert de la tête aux pieds. C'est sa façon de se déplacer qui le trahissait sur ses actuels problèmes de santé. Tandis que les problèmes mentaux, pas besoin d'être étudiante en psychologie pour comprendre. Elle lui aurait bien fait un bulletin détaillé de tout ce qu’elle constatait qui ne tournait pas rond chez lui, mais il n'en valait pas la peine. De la peine justement, elle en avait eut un peu pour lui en apprenant tout ce qui lui était arrivé. Mais il s'était avéré être un salopard de la pire espèce. En plus de tout ça, il osait lui piquer son défouloir sans rien demander. C'était à elle de cogner sur le pauvre type qui avait osé la suivre jusqu'ici, pas à Sawyer. Grognant sa désapprobation, elle haussa un sourcil face à la remarque du Hadès. Sa maison, et puis quoi encore ! Le ton froid qu'il lui réserva ne lui fit, c'est le cas de le dire, ni chaud ni froid. Elle le regarda avec un mélange de haine et de dégoût, ainsi qu'un soupçon de désolation pour son état mental mais alors totalement déplorable. « T a   g u e u l e, Bringstone, quelqu'un t'as demandé ton avis ? Nan, alors boucle-la et va dormir avant d'faire faire une crise cardiaque à quelqu'un en voyant ta face. La prochaine fois saute de plus haut et crève pour de bon. » Commençant en détachant chacune des lettres comme si elle s'adressait à un attardé mental, ce qui lui semblait être un peu le cas, elle poursuivit avec un débit normal, ne pesant pas ses mots mais n'étant toujours pas au pire. Pas encore, il risquait fort de la pousser à bout. Ou bien, vu son état, il abandonnerait.

sorry du retard