Ce n'était pas que les samedis soirs à Jersey n'étaient pas intéressants, loin de là ; d'ailleurs si on avait une quelconque envie de faire la fête, on trouverait facilement son bonheur ici. Mais c'est juste que quelques fois, j'avais envie de sortir seul, sans personne. Certains trouveraient ça vraiment bizarre, mais après tout je ne suis pas monsieur tout le monde. Je n'aimais pas forcément me mélanger aux autres, non pas par complexe de supériorité, mais peut-être simplement par nature. Après avoir donc passé une journée assez tranquille, j'étais retourné au dortoir pour me changer. A mon grand soulagement, la terrible blonde en furie ne s'y trouvait pas, ce qui m'évita donc quelques minutes de dispute quotidienne. Une fois ma veste enfilée, j'étais ensuite sorti à nouveau pour me rendre au pub. J'avais espéré qu'il n'y ait pas beaucoup de monde ce soir mais malheureusement, on n'était samedi et je n'étais pas le seul à avoir eu l'idée de venir ici. J'évitais de trop lever le regard autour de moi ; je n'étais pas méchant mais franchement, je ne voulais croiser personne ce soir là. Je m'étais rendu d'abord au bar et après avoir pratiquement attendu cent ans, on me remit finalement ma bouteille de bière. Et par chance, j'avais trouvé une table vide, un peu au fond. Quelques secondes de plus et j'aurais sûrement passé ma soirée debout, près du bar, l'endroit idéal pour être abordé par tous les indésirables... Bref, je m'installais donc et tentais de profiter de ce moment, seul.

Mon grand-père m'avait donné rendez-vous ici, pour passer la soirée avec, mais finalement, il avait annulé à cause de son emploi du temps. J'étais déjà sur les lieux, et j'avais annulé mes plans de la soirée pour lui... Pour rattraper tout ça, j'avais décidé de rester ici, sachant que je connaissais pas mal de monde, je savais que je n'allais pas m'ennuyer. J'avais commandé une bière, bien fraîche, car il faisait bon dans le Chambers ce soir, l'ambiance était bonne. Je cherchais ensuite quelque part où me poser, et je vis la table où j'aimais m'installer, prise par quelqu'un. Je m'approchais quand même, avec un peu de chance, j'allais pouvoir discuter avec cette personne. Une fois à la hauteur de cette personne, je demandais sans même faire attention à qui je parlais « Bonsoir, je peux me joindre à vous ? ». Le jeune homme leva la tête, et devinez quoi... C'était l'autre petit con, Nathan. Je fis un petit sourire, m'asseyant immédiatement en face de lui maintenant que je l'avais reconnu. Je savais qu'il allait m'envoyer promener si j'attendais une réponse, du coup m'imposer était la meilleure solution. Comme-ci de rien n'était, je demandais, sachant pertinemment qu'il devait avoir envie de se pendre en me voyant à sa table « Bah alors Nate, qu'est-ce-que tu fais là tout seul un samedi soir ?! »

J'aimais bien cet endroit, malgré le monde qu'il y avait ce soir. Ça n'était pas n'importe qui, qui venait ici. Le Chambers était loin d'être un lieu de débauche, contrairement à certains endroits. Je me sentais à l'aise ici. Une fois assis, je buvais une gorgée de ma bouteille et me risquais à jeter un rapide coup d'œil autour de moi. Je ne reconnaissais personne de l'université, tant mieux. Je me concentrais à nouveau sur ma boisson, quand à peine je baissais les yeux et que quelqu'un vint me parler. Je retins un soupir et levais les yeux. Mauvaise idée. Parmi toutes les personnes se trouvant sur l'île, il avait fallu que je tombe sur elle : Eleanor Callaghan. Plus chiante que cette jeune femme, ça n'existait pas. Elle ne prit même pas la peine d'attendre une quelconque réponse de ma part, qu'elle s'installa. Je ne la lâchais pas du regard. « Bah alors Nate, qu'est-ce-que tu fais là tout seul un samedi soir ?! » Je connaissais bien son petit jeu. Au début, elle jouait dans le soft avec ces questions à l'air anodin, puis après elle devenait une vraie peste. Je la regardais encore quelques instants, avant d'afficher un petit sourire. « J'essaye ... Du moins j'essayais de me détendre seul, loin des emmerdes. Mais il faut croire qu'elles semblent me suivent partout. » Je n'avais vraiment envie de voir personne et il avait fallu qu'elle se pointe. Je bus une gorgée de ma bouteille. « Dis, tu es sûr qu'il n'y a pas de table vide ? Tu dois certainement attendre quelqu'un et ce serait quand même bête que vous aillez à partager cette table avec moi. » J'avais pris un air un peu agacé. Tous les moyens étaient bons pour la faire partir avant que ça ne parte en sucette.

Lorsque je vis le petit air excédé de Nathan, je retins un petit rire. J'aimais bien le voir comme ça, c'était plutôt drôle. Je n'avais qu'a pointer le bout de mon nez pour qu'il tire une mine déconfite et pour lui pourrir sa journée. C'était juste... énorme de pouvoir énerver quelqu'un aussi facilement... Enfin, je me moque mais malheureusement, le blondinet savait lui aussi comment s'y prendre pour me rendre dingue. Haussant les épaules, je répondais, avant de boire une gorgée de ma bière « Eh oui, que veux-tu, c'est fou le Destin hein ! ». J'esquissais un sourire avant de répondre, sans même prendre la peine de me retourner pour vérifier « Oui, oui, je suis sûre. ». Je rapprochais un peu ma chaise avant de reprendre « Ah mais non, je n'attends personne, ne t'en fais pas, je suis rien qu'à toi ce soir, petit veinard ! », je terminais ma phrase avec un air enthousiaste, accompagné d'un clin d'oeil. Je savais que ça allait l'agacer encore un peu plus, et pourtant... c'est tellement gentil et innocent comme réplique... Si, si je vous assure. Puis j'eus comme un flash, je me penchais un peu, pour lui tapoter doucement la main « Dis donc ! Tu tenterais pas de te débarrasser de moi en me disant que tu veux être seul et tout le blabla, parce que tu veux pas que je ruine ton rencard ?! ». J'arquais un sourcil, un air interrogateur sur le visage... Franchement, si Nathan faisait la bourde de m'avouer qu'il attendait quelqu'un, il allait ruiner ses plans tout seul, parce que je n'avais absolument pas l'intention de décamper. Oh non, loin de là !

Parfois, je me demandais vraiment si elle ne faisait pas exprès de m'énerver autant. Car ça n'était pas possible qu'une personne soit naturellement comme ça ... Au début, je savais bien qu'elle était crâneuse, prétentieuse, et tous les défauts de la blonde qui vont avec. Mais au fil du temps je m'étais rendu compte, qu'elle était bien pire que cela. En ce moment, elle faisait semblant de me faire tourner en bourrique feignant ne pas trop comprendre le message que j'avais voulu lui faire passer. J'essayais de la faire changer de table comme je pouvais mais je savais déjà que c'était mission impossible ; et d'ailleurs il n'y avait plus de table libre. « Ah mais non, je n'attends personne, ne t'en fais pas, je suis rien qu'à toi ce soir, petit veinard ! » J'eus quand même un petit rire ; son air enthousiaste était tellement ridicule. « Ça c'est vraiment de la chance ; passer une soirée entière avec toi. » Ironie, quand tu nous tiens ! Autant jouer au même jeu qu'elle si elle voulait aller sur ce terrain. Je bus une gorgée de ma bière, et manquais de recracher le liquide en entendant Eleanor. Cette fois-ci je n'avais pu retenir mon rire, parce que je trouvais ce qu'elle venait de me dire, vraiment drôle. « Je n'attend absolument personne. Pour être franc, c'est uniquement ta simple présence qui me dérange. » En dix secondes, j'avais repris un air mi sérieux, mi amusé. Je me penchais un peu pour mieux la fixer du regard. « Tu sais aussi bien que moi que ta présence m'excède, et je sais bien que tu éprouves la même chose à mon égard. Alors arrêtons de faire semblant tu veux ? » Je bus une nouvelle gorgée de ma bière, avant de regarder Eleanor d'un air inquisiteur. « Oh et puis sache que si tu étais toute à moi ce soir, on ne serait même plus là à cet instant. » Je lui adressais un petit clin d'œil.

Je souriais, consciente qu'il ne pensait pas ce qu'il venait de dire (inutile de le préciser, c'est sa spécialité ce genre de choses). Je fronçais un peu les sourcils, posant ma main sur mon cœur « Oh non, je pensais que tu m'adorais, tu viens de fissurer mon cœur de pierre ! ». Je soufflais avant de lever les yeux au ciel tout en buvant une nouvelle gorgée de ma bière fraîche. En entendant ses propos, j'affichais une moue approbatrice. Il avait raison, mais bon, j'y allais en douceur. Faut croire que ça ne lui plaisait pas, je lançais alors en haussant les épaules « Très bien crétin, parfait ! Je vais pouvoir cracher mon venin maintenant. ». J'arquais un sourcil, prenant un petit air dégoûté en imaginant ce pourquoi nous aurions quitté le bar. Je riais un peu « Tu veux que je vomisse mon repas sur toi ou comment ça se passe ? ». Je détournais le regard près son clin d'oeil, regardant autour de nous « Ah, pendant que j'y pense, si tu veux rester loin des emmerdes comme tu dis, tu tenteras d'être moins bordélique, et d'éviter de poser tes vêtements dégueulasses sur mon lit ». Je le toisais avant de terminer rapidement ma bière et de poser la bouteille vide près de moi... J'avais soif de soir, ouais. Je pris de nouveau la parole « Sérieux, Nathan, à part me fuir moi, il se passe quoi dans ta petite vie, pour que tu viennes déprimer seul à une table avec ta p'tite bière, comme un soulard ? ». Non, je voulais pas jouer la confidente, faut pas abuser, mais ça m'intriguait.

Pour ce qui était de l'ironie, et bien Eleanor remportait le premier prix. Elle se sentait toujours obligée de faire dans l’excès ; ça semblait apparemment être son meilleur moyen offensif. « Encore heureux que t'en es un... » marmonnais-je plus pour moi même qu'autre chose. Je n'étais pas du genre à lancer des piques, l'air de rien. Elle savait que je ne la supportais pas plus que ça et je ne m'en cachais pas le moins du monde. « Très bien crétin, parfait ! Je vais pouvoir cracher mon venin maintenant. » Je buvais une gorgée de ma bière. « Waaw, qu'est ce que tu me fais peur. » Je dis ça, non sans cacher une certaine lassitude dans ma voix. En général, les filles ça parle plus que ça n'agit. Je la laissais donc faire sa vipère sachant pertinemment qu'elle n'avait que ça pour se défendre. Et apparemment, ma petite insinuation ne semblait pas lui avoir trop plus, ce qui me fit sourire. C'était toujours facile d'énerver Eleanor. Lorsqu'elle me sortit ensuite son petit speech sur mon "bordel", je ne pus m'empêcher de lever les yeux au ciel. « Ça t'arrive d'être moins soulante quelquefois ? Et mon bordel, comme tu dis, eh bien il t'emmerde. » Je la toisais un moment du regard avant de boire une énième gorgée de ma bouteille. « Sérieux, Nathan, à part me fuir moi, il se passe quoi dans ta petite vie, pour que tu viennes déprimer seul à une table avec ta p'tite bière, comme un soulard ? » Une fois de plus, sa question me fit sourire et je mis quelques secondes à reprendre un visage sérieux. Depuis quand ma vie l'intéressait ? « Tu t'intéresses à la vie des autres alors ? Étonnant. J'ai toujours cru que tu ne voyais pas plus loin que le bout de ton nez. Peut-être même que j'ai raison. » Elle était sûrement juste un peu trop curieuse. Je me penchais doucement au dessus de la table pour mieux la fixer du regard. « Ne fais pas semblant que ma vie t'intéresse, ça n'est pas le cas. Et d'ailleurs si tu me connaissais un peu mieux, tu saurais que je n'aime pas parler de moi. » .

En entendant sa réflexion, je levais les yeux au ciel, en le regardant méchamment. Qu'est-ce-qu'il m'agaçait quand il prenait cet air débile. Je me demande comment un mec aussi mignon pouvait être aussi insupportable, intérieurement, il devait être laid intérieurement. Ou alors est-ce-qu'il était comme moi ? Genre sympa en réalité, avec une carapace pour se protéger des autres ? Franchement je n'en savais rien, et voir sa tête ne m'aidait pas a réfléchir, j'avais juste envie de lui mettre une bonne gifle, histoire de me défouler quoi. Si il pouvait, il le ferait aussi, mais comme il ne faut pas frapper les filles, il doit se contenter de bouillonner intérieurement lorsqu'il me voit prendre mon air de petite garce hautaine lorsque je lui jette des choses désagréables en pleine tronche. Ses propos me firent sourire, je fis mine de réfléchir « Hmm... Oui ! Mais... pas avec toi ». Je haussais les sourcils, le regardant un peu étonnée « Ca va t'es pas trop vulgaire à part ça. Et ton bordel je le crame, on verra si il m'emmerdera encore longtemps. », lançais-je en tapotant la table du bout des ongles. Le bruit que je faisais était presque inaudible avec le bruit des gens mais ça me détendait de faire ça. Je soupirais, croisant les bras « Bien sûr, tu ne peux pas le savoir, puisqu'on n'est pas amis, mais je suis très à l'écoute et je suis une amie en or. Après, c'est sûr, que les petits malheurs des gens inintéressants, je les évites au maximum. ». Je fronçais les sourcils, le dévisageant ouvertement en l'entendant parler ainsi « Okkkk. Alors pour commencer, ce que tu me dis, ça sonne comme un reproche, je me trompe, rassure moi ? ». Je roulais des yeux avant de me rapprocher également, encrant mon regard dans le sien pour donner du poids à mes propos « Et ça marche dans les deux sens: si tu me connaissais mieux, tu saurais que je ne demande pas ce genre de choses quand je n'en ai rien à faire, c'est pas mon genre de perdre mon temps en écoutant les gens parler de leur vie minable, tu vois. ». Je fis une brève pause, avant de reprendre « Donc pour changer, arrête de dire des conneries, commande nous quelque chose de fort, histoire de se détendre un peu.. Ça t'aidera a arrêter de voir le mal partout quand j'ouvre la bouche pour dire quelque chose. ». Je sortais de ma poche quelques billets, des fois que Monsieur soit réticent à l'idée de me payer quoi que ce soit, et je le regardais avec un air interrogateur, attendant sa réponse presque avec impatience. J'avais fait preuve d'une telle simplicité, et d'une telle sincérité dans mes propos que même Nathan allait se rendre compte que je ne plaisantais pas. Merde, faudrait que je veille a ne pas être trop sympa non plus... On verra bien si il joue au mec intelligent pour saisir l'occasion de parler calmement pour changer.

Eleanor aimait me tenir tête ; je devrais même dire qu'elle ne faisait que ça. Or je n'en avais pas l'habitude. J'aimais bien contrôler les choses, qu'elles aillent dans mon sens. Mais avec elle, je n'y arrivais. Elle avait du caractère ; j'aimais beaucoup les filles avec du caractère. Mais à ce point ... Je l'écoutais essayant de ne pas trop faire attention à ses remarques sarcastiques. Il fallait bien que l'un de nous fasse preuve d'un peu de lucidité ou de normalité pour pouvoir envisager une discussion normale. Etrangement, cette idée me plaisait bien car après tout Eleanor semblait intéressante. Mais la question était plutôt : une discussion normale entre elle et moi était-elle possible ? À voir. En tout cas le fait qu'elle veuille savoir ce que je faisais là, aussi banal que ça pouvait paraître, m'étonnait. Elle ne s'était jamais intéressée à quoique ce soit dans ma vie donc pourquoi maintenant. Et puis parler de moi n'avait jamais vraiment été mon truc mais ça elle ne le savait pas. « Okkkk. Alors pour commencer, ce que tu me dis, ça sonne comme un reproche, je me trompe, rassure moi ? » Je haussais les épaules l'air de rien. Je ne cherchais pas à la culpabiliser, mais à ce qu'elle reconnaisse qu'elle avait pas vraiment cherché à me connaître avant de me juger. « Pas vraiment. Mais si tu le prends comme tel, tant mieux.» Je l'écoutais alors tout en la regardant, sans un mot. Au fond, elle n'avait pas tort. Nous avions tout les deux raisons au final: nous n'avions jamais réellement essayé de nous connaître. « Donc pour changer, arrête de dire des conneries, commande nous quelque chose de fort, histoire de se détendre un peu.. Ça t'aidera a arrêter de voir le mal partout quand j'ouvre la bouche pour dire quelque chose. » J'eus un petit sourire avant de faire signe vers le bar pour qu'on nous apporte quelques verres. C'était étonnant comme Eleanor pouvait être agaçante quelquefois et comme elle pouvait être surprenante d'autres fois. Sur le moment, elle me surprenait à vrai dire. Lorsque je la vis faire glisser quelques billets vers moi, mon sourire s'effaça. Je faillis m'étrangler. Mais elle me prenait pour qui ? « Pourrais-tu me faire le plaisir de reprendre ces billets. Quel genre de mec ferait payer une fille ? Ça se voit que tu ne me connais pas bien Eleanor. » Je poussais un soupir en secouant la tête. Quelques minutes plus tard, on nous déposa les verres que j'avais commandé. J'en pris un et le but d'un trait avant de regarder la jeune blonde avec intérêt. « Alors il semblerait que je ne connaisse pas grand chose sur toi Eleanor. Il faut quand même avouer que tu es une jeune femme assez ... complexe. » Je penchais doucement la tête sur le côté, une sale habitude que j'avais. « Moi aussi j'ai une question pour toi. Qu'est ce qu'une fille comme toi fait dans un pub comme celui-ci à une heure pareille ? Et surtout toute seule. » Je me posais pratiquement la même question qu'elle se posait sur moi.

J'ignorais sa dernière réponse. Pour une fois, je ne savais pas quoi répondre... Ou plutôt, pour une fois, je ne cherchais pas la petite bête vous voyez. Attendant toujours sa réaction, je fis un petit sourire en voyant le sien étirer ses lèvres, et je me retins de soupirer de soulagement lorsqu'il fit un signe au barman. Finalement, nous allions peut-être réussir a passer une soirée sans se hurler dessus et se cracher des saloperies en pleine face. L'idée de passer quelques heures avec lui, en mode trêve, ne me déplaisait pas tant que ça... Qui sait, peut-être que nous avions des points communs, et que nous trouverions de quoi rire ensemble, et tout ça. « Pourrais-tu me faire le plaisir de reprendre ces billets. Quel genre de mec ferait payer une fille ? Ça se voit que tu ne me connais pas bien Eleanor. », je me mordis la joue, retirant mes mains de la table pour les lever « Woooh, c'est vrai, désolée gentleman ! ». Je rangeais mes billets aussi vite qu'ils étaient sortis de mon sac. Je remerciais d'un signe de tête le serveur. Prenant un verre, je le levais, en faisant un clin d'oeil à Nathan avant de le boire rapidement, posant le verre vide à côté de moi. J'écoutais attentivement le jeune homme, souriant à ses propos, haussant légèrement les sourcils « C'est vrai, et, je te retourne la chose, t'es pas le type le plus simple que je connaisse. ». J'avais lancé ça naturellement, sans aucune agressivité, ni rien pour une fois, j'avais soupiré un peu pour lui montrer que lui non plus n'était pas commode (ou encore armoire... ). Cette carapace de personnes mauvaises étaient peut-être un point commun, après tout. Je passais ma main dans mes cheveux tout en répondant, toujours avec un petit sourire aux lèvres « Une fille comme moi.. Dans un pub comme-celui ?? », le "une fille comme toi" m'intriguait, et m'amusait surtout. La petite garce snob, dans un pub, avec des gens normaux, cela devait lui sembler louche surement. Puis après cette question, je reprenais, répondant enfin « J'ai souvent rendez-vous ici avec mon grand-père. Et il a eut un imprévu, alors je me suis retrouvée ici, seule et abandonnée tu vois... », terminais-je en prenant une moue triste, a peine exagérée.

Spoiler:

Eleanor pouvait être vraiment provocante quelques fois, même si ça ne devait sûrement pas être volontaire. Elle avait vraiment cru que j'allais prendre ces billets. Bien sûr, je les avais refusé. Je ne pus m'empêcher de lever les yeux au ciel à sa réflexion. Pas besoin d'être le plus grand gentleman de la terre pour payer à boire à une fille Bref, si on voulait passer une soirée pour une fois "normale" ensemble, c 'est-à-dire sans prises de becs, il fallait sans doute qu'on n’apprenne à se connaître. Cette pensée me fit tout drôle : Eleanor et moi, apprendre à nous connaître ? Qui l'eût cru. Mais Eleanor n'était pas une fille facile à cerner. « C'est vrai, et, je te retourne la chose, t'es pas le type le plus simple que je connaisse. » Je haussais un sourcil. Pour le coup elle n'avait pas tort. Mais c'était en parti ce que je voulais ; je n'avais pas tellement envie que les gens puissent lire en moi comme dans un livre ouvert. Ils n'avaient pas à connaître tout de moi. Je pris un air songeur en jouant avec mon verre. « J'avoue que ce n'est pas faux ; je suis très mal placé pour te faire ce genre de remarque. » Je n'éprouvais pas de réelle difficulté à admettre que quelqu'un d'autre avait raison. Même s'il s'agissait d'Eleanor. Bref, il y avait quand même quelque chose qui m'intriguait. Qu'est ce qu'Eleanor faisait dans ce pub ? J'aurais peut-être dû formuler, ma question autrement. Le "une fille comme toi" semblait l'étonner, voire la surprendre. Je haussais les épaules. « Tu sais bien, une fille comme toi ... c'est le genre de fille à papa, un peu snob, qui a tout ce qu'elle veut et qui tient à son image. » Je dis ça sans aucune trace de moquerie sur mon visage, ce qui dans une autre situation aurait été le cas. Car si on voulait passer une soirée normale, il fallait arrêter de lancer des piques, mais il fallait aussi rester franc et honnête. Et l'hypocrisie, ça n'était pas trop mon truc. Quoiqu'il en fusse, la véritable raison était qu'Eleanor avait en fait un rendez-vous avec son grand-père qui finalement n'était pas venu. J'eus un petit rire en voyant la moue qu'elle prit. « Fais pas cette tête. Au lieu d'un vieux tout ridé, tu as en face de toi un jeune homme tout frais, tout pimpant. » Je dis ça l'air de rien. J'aimais bien faire de l'humour malgré cet air sérieux que j'aimais bien afficher. Je bus un autre verre cul-sec, avant de toiser longuement la jeune femme en face de moi. « Tu sais ... La première fois où on l'on s'est parlé je me suis dis "comment vais-je faire pour me coltiner cette furie jusqu'à la fin de l'année ?" » A ce souvenir, j'eus un petit rire. Ça m'amusait beaucoup lorsque j'y repensais. Eleanor m'avait vraiment énervé dès le début, mais elle m'avait aussi intrigué. « Je me suis dit que ça n'était pas possible une fille comme ça ; hautaine, prétentieuse, suffisante... Je dois t'avouer que je ne te trouvais pas grand chose de positif à ce moment là, à part le fait que tu sois assez jolie. » Je m'arrêtais un court instant et me mordais la langue. Voilà de quoi satisfaire son égo ; j'aurais dû me taire. « Et j'ai fini par en conclure que tu te donnais de faux airs. Peut-être que je me trompe, mais je pense vraiment que tu te donnes une personnalité de fille forte et inébranlable qui en réalité n'est pas la tienne. Je ne connais aucune fille inébranlable Eleanor. » Et je bus un troisième verre. La soirée risquait d'être longue.

Spoiler:

J'acquiesçais ses propos en secouant vigoureusement la tête, haussant un peu les sourcils. Il était très mal placé pour faire des remarques sur ma personnalité complexe, ça c'est sur. Je buvais d'un trait un nouveau verre, avant d'esquisser un sourire « Ah, oui, je vois. C'est vrai que je tiens à mon image, mais je ne suis jamais contre une sortie dans un pub, surtout le chambers, c'est le plus classe, puis ça change un peu. Fréquenter le bas peuple, tout ça.. », lançais-je en plaisantant. Etonnemment, mes derniers propos étaient exagérés, et je n'en pensais pas un mot. Je pris un air faussement offusqué « Eh, je ne te permets pas ! Il est très bien conservé mon grand-père ! C'est un Callaghan quand même. », puis je battais des cils, jouant la fille charmée « ... Mais c'est vrai que je m'en sors pas si mal au final ». Saisissant un autre verre, je riais légèrement, absolument pas étonnée par ses propos « La première fois qu'on s'est hurlés dessus tu veux dire, parce que parler... », je reprenais « Et moi, je me demandais comment j'allais pouvoir cohabiter avec toi sans t'étrangler... Mais ça va, on arrive a survivre finalement ». Je buvais mon troisième verre, pour ensuite le mettre entre mes mains et jouer avec. La première fois que j'ai rencontré Nathan, j'ai cru que j'allais devenir folle. En seulement quelques minutes, il avait ruiné tout le travail que j'avais fait pour canaliser mon agressivité. Et je vous assure que les premiers jours, je rêvais de le frapper, il devenait mon punching ball humain. Puis quand je me réveillais, je le voyais, lui et sa petite gueule impeccable, et sa démarche insupportable de petit con arrogant se pointer près de mon lit pour aller jusque dans la salle de bains... Et je me disais que l'année allait être longue, trèèès longue. Franchement, les premiers jours, quelqu'un m'aurait dit qu'un jour, je me retrouverais à boire un verre, dans un pub, parlant calmement avec Nathan, je l'aurais envoyé promener très violemment. D'un mouvement de tête, je jetais les cheveux qui m'arrivaient dans les yeux, un petit air satisfait sur le visage. Il venait de me glisser un compliment, par pure maladresse, ce qui m'amusait. En voyant sa tête, je savais parfaitement qu'il regrettait et qu'il se sentait bête. Ne faisant pas spécialement attention au reste, étant donné que pour moi, ce n'était pas vraiment des défauts « Hey, t'es pas mal non plus hein », dis-je en faisant un sourire coquin pour l'embêter un peu. Ouais, je faisais pas semblant quand je lui sortais qu'il était pas mal, franchement, il faudrait être bizarre pour penser le contraire (c'est comme ceux qui n'aiment pas hp, allo allo).

J'écoutais attentivement la suite, haussant ensuite les épaules. En général, peu de gens tirent ce genre de conclusions en me fréquentant, encore moins ceux avec qui je me prends la tête tout le temps. « T'es curieux toi, non ? », demandais-je en souriant. Je n'allais pas tout lui dire concernant les raisons de ce comportement, mais j'allais être franche, tout de même « Je ne suis pas inébranlable, mais je suis forte, c'est un fait. Mais le fait de me comporter ainsi, d'être désagréable en permanence, ça fait partie de moi, c'est mon caractère... Et je t'avoue que ça me sert, ça me permet de garder les gens inutiles à distance, tu vois. Ca m'évite de perdre mon temps, et comme je ne cherche pas à me faire des amis, c'est parfait je trouve... ». Sans le vouloir, je commençais a m'énerver. Pas contre lui, mais contre son analyse. Je détestais qu'on étudie mon comportement qu'on déduise des choses, et qu'on me traite de faible. Comme quoi, mon image est fausse, que je joue à un jeu... Je ne pouvais pas supporter ça. Je buvais alors un autre verre, puis d'un air un peu sec, involontairement, je répliquais « Vu ton attitude de con arrogant, t'es pareil, tu te protèges des autres, tu veux pas qu'on voit ton véritable visage, parce que personne n'est assez bien pour mériter de le découvrir... Tu vois, moi aussi je peux faire des analyses. ». Il avait touché un point sensible... Je détournais le regard, pour me calmer... Nathan m'avait cernée, pas totalement, car il lui faudrait un sacré bout de temps, mais rien que le fait de s'intéresser à moi alors que nous passions notre temps a nous friter, ça me faisait quelque chose, et en même temps, cela m'inquiétait.

Spoiler:

À une certaine époque, dans un autre monde ou même sur une autre planète ... Bon, n'exagérons pas trop quand même Disons quelques heures plus tôt, si Eleanor m'avait parlé de "bas peuple", je l'aurais prise au mot et l'on serait certainement reparti sur un énième dialogue interminable à nous lancer des piques en tout genre. Mais comme elle l'avait dit , il fallait que j'arrête de voir le mal partout quand elle ouvrait la bouche pour dire quelque chose. Elle avait un humour un peu exagéré si je puis dire. Au moins ça, je le savais. En l'écoutant parler de son grand père, je riais. Callaghan ou pas, c'est un vieux. « Et à ce que je sache, les Callaghan ne détiennent pas le monopole de la beauté. » La connaissant, elle était sûrement capable de me prouver le contraire ou du moins, d'essayer. En tout cas au final, que son grand père ne soit pas venu aura été une bonne chose pour nous. Qui aurait cru qu'un jour nous serions assis là à discuter tous les deux sans nous prendre le bec. Il faut croire que notre première rencontre n'avait rien laissé prédire de ce genre. « Et moi, je me demandais comment j'allais pouvoir cohabiter avec toi sans t'étrangler... Mais ça va, on arrive a survivre finalement » J'acquiesçais doucement en souriant. On arrive à se supporter, on va dire. Je me rappelle ce jour où je me suis retourné pour découvrir une blondinette en serviette en face de moi. Tout allait bien jusqu'à ce qu'elle ouvre la bouche. Oh qu'elle m'avait soulé ce jour là. Je n'avais pas l'habitude qu'on me tienne tête comme elle le faisait et je dois avouer que ça me rendait fou. Mais au fil du temps je m'étais habitué, je savais bien comment m'y prendre avec elle. combattre le mal par le mal. Elle avait de la chance, elle était jolie au moins. Ah quand même, être moche et avoir la grosse tête, c'est deux réalités qui ne font pas la paire. D'ailleurs pour le coup, j'aurai peut-être du me la fermer. Eleanor avait un égo assez surdimensionné comme ça ; je n'aurais pas du en rajouter une couche. En entendant sa réflexion, je levais les yeux au ciel. J'affichais un petit sourire en passant ma main dans mes cheveux, un peu gêné. Non non, elle n'avait pas à me dire ça . C'est moi qui suis censé dire ça aux gens en général. Et se retrouver dans la position inverse était assez embêtant, je devais avouer. Je secouais doucement la tête, histoire de chasser cette idée. Il n'était pas question de moi, mais d'Eleanor. Oui car malgré tout cette guerre qu'il y avait entre nous, j'avais essayé de cerner la personnalité de la blondinette. Et ce que j'en pensais, c'est qu'elle montrait une fausse image d'elle ou du moins, un personnalité qui n'était pas très proche de la réalité. Quand on la regardait, on se disait que cette fille rien ne pouvait l'atteindre ; ce qui, lorsqu'on y réfléchit un peu plus, est impossible. Nous avons tous nos petites faiblesses. « Non, je ne suis pas curieux mais simplement intrigué. Y'a pas de mal. » Et je pris un autre verre qui se trouvait sur la table et en bus un gorgée. Ensuite j'écoutais Eleanor silencieusement tout en la regardant attentivement. Bien évidemment que son attitude lui servait. Au moins les gens ne lui cherchaient pas tout le temps de noises, redoutant ses réactions. Même si, malheureusement pour elle, je ne faisais pas parti de ces gens. Je sentais qu'elle s'énervait un peu. Lorsqu'elle commençait à parler de moi, je fronçais les sourcils. Non non, il n'était pas question de moi, mais d'elle. Lorsqu'elle eu terminé sa petite analyse, je la regardais un peu agacé. Je ne pouvais pas dire que ce n'était pas la vérité. En fait elle avait même un peu raison mais je n'aimais pas ça, qu'on m'étudie de cette façon même si j'aimais bien le faire. Une fois de plus je passais ma main dans mes cheveux ; cette situation m'agaçait. Remarquant qu'Eleanor avait détourné le regard, je penchais doucement la tête sur le côté en fronçant les sourcils. J'aurai peut-être pas dû aborder ce sujet. Je terminais mon verre avant de soupirer profondément. « Je suis froid, vicieux et arrogant comme tu dis, mais c'est ma nature ça ... Je ne cherche pas à ce que les gens me connaissent, je ne veux pas de ça. Mais ça ne veut pas dire que je me protège de quoique ce soit. » Je n'étais pas très certain de ce que j'avançais après ce que venait de me dire Eleanor. Mais je ne voulais pas lui avouer qu'elle avait raison d'une certaine façon, parce que ça ferait beaucoup trop de choses qu'elle saurait sur moi ... Si ce n'est pas déjà fait. Ma curiosité finissait toujours par se retourner contre moi. « Ne cherche pas à me connaître Eleanor. Ça fait 14 ans que je vis avec mes parents et eux-même ne me connaissent pas vraiment. » Aïe ! Il fallait vraiment que je la ferme maintenant, plus je parlais et plus j'en révélais ; ce qui n'était pas mon but. Voulant éviter toute question, je me levais au même moment et me diriger vers le bar. Je revenais une minute plus tard avec une bouteille de bourbon à la main. Faites qu'elle n'ait pas fait attention à ce que je venais de dire.

Spoiler:

J’arquais un sourcil, un mince sourire sur les lèvres « Parfois, j'en doute. », lançais-je en observant les gens autour de nous et en grimaçant légèrement en le regardant, toujours pour plaisanter. Je penchais un peu la tête, en le voyant terminer son verre pour ensuite soupirer. Je l'écoutais attentivement, fronçant un peu les sourcils. Je me redressais ensuite « Eh bah tu vois, finalement, on a des points communs ! », je souriais avant de reprendre « Et peut-être que c'est dans ta nature, comme dans la mienne, d'agir de cette manière, mais quelque part, il y a une raison... Même si on a du mal à se l'avouer, tu vois... ». La suite me fit prendre un air surpris... 14 ans ? Malheureusement, je n'eus pas le temps de répondre. En le voyant se lever et se diriger vers le bar, non loin de l'entrée, je m'exclamais, en me retournant, un peu surprise « Nathan ! ». Je pensais qu'il allait me laisser en plan, comme ça, sans rien me dire d'autre. Puis finalement, je soufflais un peu, soulagée en le voyant revenir avec une bouteille de bourbon. En réfléchissant bien, ses propos avaient dû lui échapper, et il espérait, en s'absentant de table un petit instant, que j'allais oublier et passer l'éponge là-dessus. Malheureusement, mon désir de faire plus ample connaissance et ma curiosité, me poussaient à lui demander, une fois qu'il se retrouvait de nouveau en face de moi « Tu pensais vraiment que ça allait fonctionner ? ». Je passais ma main dans mes cheveux, demandant en le fixant « Tu as été adopté ? ». Après une courte pause, je reprenais, très sérieusement fixant « Tu sais que je te ferais boire jusqu’à ce que tu craches le morceau, Nathan. ». Je savais parfaitement qu’il n’allait pas m’en parler, qu’il allait esquiver… Comme n’importe qui le ferait. Si j’essuyais un refus, je savais parfaitement quoi lui dire, simplement, pour le moment, je n’osais pas trop lui dire, de peur de me ridiculiser… Les gentillesses, c’est pas mon genre, enfin, surtout pas avec les gens avec qui je m’embrouille tous les jours normalement. Mais l’alcool avait du bon, parfois. Il fallait juste que je sois vigilante, que je n’en dise pas trop, tout comme lui d’ailleurs.

Je n'aimais pas trop la tournure qu'avait prise la discussion avec Eleanor. Non seulement parler de moi me dérangeait, mais reconnaître qu'Eleanor avait raison était aussi très dur à accepter. Comment avait-elle pu cerner cet aspect de me personnalité aussi facilement ?! Peut-être que c'était vrai qu'on se ressemblait sur quelques points. Mais quoiqu'il en fusse je ne voulais pas qu'elle essaye de me connaître. Ce qui était assez paradoxal vu que je n'arrêtais pas d'en dire plus sur moi à chaque fois que j'ouvrais la bouche. Et sur le coup, l'anecdote des "14 ans passées avec mes parents" m'avait vraiment échappé. J'étais donc allé chercher une bouteille d'alcool au bar en espérant qu'Eleanor ne fasse pas attention à ce détail à mon retour. Malheureusement pour moi, la blonde -finalement pas si blonde que ça - n'était pas dupe. Je l'avais regardé faisant mine de pas trop comprendre de quoi elle parlait, tout en versant un peu de bourbon dans nos verres. « Tu as été adopté ? » Eleanor était directe, très directe. Je la fixais du regard très longuement, ne sachant quoi que dire. Je détournais finalement les yeux pour boire une gorgée de ma boisson. Je reportais ensuite mon attention sur elle. Je n'avais pas trop envie de me livrer ; je n'en avais pas l'habitude. Mais répondre non serait mentir. Prise d'un soudain élan de sincérité et de profonde lassitude, je hochais la tête, puis bus une nouvelle gorgée de mon verre. Peut-être était-ce l'alcool qui me poussait à parler aussi facilement ? D'ailleurs je devrais me freiner un peu la dessus, sinon je risquais d'avoir une belle gueule de bois le lendemain. « Je ne veux pas t'attendrir et encore moins demander ta pitié ; je n'en ai pas besoin. Je vis très bien mon adoption, au cas où tu te poserais cette question. Oui je sais que c'est ce que vous faites, les gens en général. Une fois que vous savez ça, vous me jugez pensant connaître ma vie de A à Z. » Je lui avais dit ça assez froidement malgré moi. Peut-être que c'est ce qui me faisait peur finalement : le jugement des gens. Je restais silencieux un court instant avant de la regarder à nouveau. « Eleanor ... » Je m'arrêtais et soupirais profondément. « ... Essaye de ne pas en parler s'il te plaît. Ça n'est pas une chose qui m'intéresse tellement et puis c'est du passé, ça ne fait plus parti de ma vie. Ça n'était même pas vie, je ne suis plus cette personne là. » Oui, c'est ce que j'avais commencé à penser depuis mon adolescence. Je refoulais les huit premières années de ma vie comme si elles appartenaient à un autre. Je me persuadais que ça n'était pas mon passé car c'était beaucoup trop douloureux d'y penser.

Je remerciais d'un signe de tête Nathan en le voyant remplir mon verre, pour ensuite l'écouter parler. J'étouffais un petit rire, un air arrogant sur le visage « Ma pitié ? Tu penses vraiment que c'est possible chez moi, de ressentir de la pitié ? », je le regardais d'un air interrogateur. En voyant son visage, je souriais en répondant « Voilà. ». Je me souviens qu'une fille m'avait dit, pendant un déjeuner, que ses parents aussi avaient perdu la vie, tout comme les miens et j'avais eut envie de hausser les épaules. L'empathie, tout ça, ça m'arrive rarement, et seulement avec des gens qui me sont très proches. Et encore, tout dépend des sujets. Donc il allait être difficile pour Nathan de me faire ressentir de la pitié à son égard, surtout que vu l'image que j'ai de lui, je ne pourrais pas avoir pitié. Je l'écoutais, fronçant un peu les sourcils en le voyant s'énerver. Je soupirais un peu, répondant, avant de boire une gorgée de bourbon « Moui, enfin moi je ne suis pas "les gens" et je ne suis pas comme les autres, tu vois. ». Apparemment, le jugement des autres était quelque chose qui posait problème à Nathan, c'était évident... Chose que je peux comprendre. Dès que les gens savent quelque chose d'un peu trop personnel ou délicat, susceptible de justifier votre caractère ou attitude, ils tirent des conclusions rapidement et vous jugent, en pensant vous connaitre. Pathétique. J'arquais un sourcil « Savoir que tu as été adopté ça change pas grand chose et c'est pas pour autant que je vais prétendre mieux comprendre qui tu es avec cette information, hein ! Je sais juste que t'es un petit con. », plaisantais-je en lui faisant un clin d'oeil avant de boire de nouveau, savourant le bourbon. Je fixais Nathan, acquiesçant ses propos, pour le rassure; bien sûr que je n'allais pas en parler « Tu peux me faire confiance, ça reste entre nous. Au cas où tu en douterais, j'ai pas l'intention de me servir de ce qu'on se dit ce soir pour te pourrir la vie au campus, je suis plus mature que ça, je te rassure. », avouais-je sincèrement. Je savais parfaitement que ce doute planait, et qu'en général, les gens ont du mal à se détendre, de peur que je dévoile le peu de choses qu'ils disent sur le ton de la confidence. Ils ignorent que la plupart des rumeurs que je lance ont pour but de préserver ma confrérie, ou la réputation du campus, et qu'elles ne sont jamais basées sur des secrets que quelqu'un m'a confié. Sauf dans le cas de mes ennemis, mes vrais ennemis, je veux dire. Et souvent, je préfère agir et élaborer des plans machiavéliques plutôt que de lancer des rumeurs, alors voilà. Je ne suis pas si mauvaise en gros. D'un air un peu plus sérieux, je demandais simplement « ... Tu gardes des mauvais souvenirs d'avant ton adoption, c'est pour ça que tu me dis ça, pas vrai ? ». Je savais qu'il ne m'en dirait pas plus, mais ma curiosité et mon intérêt pour le jeune homme m'avait poussé a poser cette question. Je terminais mon verre, en le regardant, un petit sourire aux lèvres. Malgré le sujet abordé, l'ambiance était beaucoup plus détendue, et passer du temps avec lui n'était pas aussi désagréable que ça.

Je ne pus m'empêcher de lancer un regard noir à Eleanor à la vue de son air arrogant. Avec cette fille, il fallait vraiment être fort sur le plan émotionnel. Elle me paraissait assez sympa à certains moments, comme elle pouvait m'énerver à d'autres. C'était une vraie peste quand elle voulait. Je ne voulais aucune pitié de sa part ; tant mieux donc si elle n'était pas capable de faire preuve d'un tel sentiment. Même si la plupart du temps, les "gens normaux" avaient l'air désolé lorsqu'ils apprenaient que j'avais été adopté. J'avais toujours trouvé ça idiot. Pour moi l'adoption était une chose normale qui n'avait rien de malheureux pour ainsi inspirer de la pitié. Bref, Eleanor était une fille assez particulière ; il fallait l'avouer. J'étais d'accord avec elle sur ce point. « C'est vrai que tu n'es pas mademoiselle tout le monde. Les gens en général ressentent des choses, ont des sentiments... Par contre je te trouve assez insensible comme fille. » Ce n'était ni un reproche, ni une provocation. Ce n'était qu'une simple remarque que je faisais sur elle. Peut être que j'avais tort, je n'en savais rien. Mais quoiqu'il en fusse, c'était l'impression que me donnait Eleanor. Je reversais un peu d'alcool dans mon verre avant d'en boire une gorgée. En entendant Eleanor, me traiter de con, je levais les yeux au ciel. « Le con te dit merci. » Il est vrai que Eleanor ne savait pas grand chose sur moi et moi non plus je ne savais pas grand chose sur elle. Toutefois elle au moins savait une chose : j'avais été adopté. Et ça n'était pas une moindre information. J'espérais quand même qu'elle n'aille pas sonner à toutes les portes pour en parler. Je savais qu'Eleanor était capable de tout, donc je me méfiais un peu. « Tu peux me faire confiance, ça reste entre nous. Au cas où tu en douterais, j'ai pas l'intention de me servir de ce qu'on se dit ce soir pour te pourrir la vie au campus, je suis plus mature que ça, je te rassure. » J'acquiesçais, un peu plus tranquille. Elle semblait sincère pour le coup, même si j'avais encore un petit doute au sujet de sa prétendue maturité. Franchement, l'accueil que j'avais eu de sa part lors de notre première rencontre, était plus celui d'une adolescente de seize ans mais j'allais garder cette réflexion pour moi, histoire d'éviter une énième dispute. Je restais silencieux pendant un court instant lorsque la question d'Eleanor me fit lever les yeux vers elle. Je fronçais instinctivement les sourcils. Ça question ne me mettait pas très à l'aise, et elle devait sûrement le savoir. Je me radoucissais un peu et buvais une nouvelle gorgée de mon verre. C'était le genre de choses auxquelles je ne répondais pas en général ; un simple "ça ne te regarde pas" et j'en avais fini. Mais à cet instant, je savais que je n'allais pas contourner la question ou même la fuir comme j'avais l'habitude de le faire. Je soupirais et acquiesçais une fois de plus. « Je n'ai pas eu des débuts très faciles dans la vie et cette adoption est la meilleure chose qui me soit arrivée. » Je passais ma main dans mes cheveux en fixant mon verre. Je ne savais pas d'où me venait ce soudain élan de sincérité. L'alcool sûrement. « Ma mère biologique était bonne à rien faire, juste une salope qui passait ses journées à boire et à se droguer. Après ça, ne t'étonne pas que j'en garde des mauvais souvenirs. ». Instinctivement, je passais ma main sur ma chemise. Mes cicatrices étaient toutefois un sujet que j'étais certain de ne pas aborder avec Eleanor. Certaines personnes me trouvaient très dur avec ma mère biologique. Mais je n'en avais rien à faire, pour moi c'était juste une idiote qui s'était droguée et qui avait fini par mourir de sa débauche. Le pire exemple qu'un enfant puisse avoir. Je regardais Eleanor avec un petit sourire las. « Je trouve que l'on parle beaucoup trop de moi et pas assez de toi. » Et ça m'arrangerait énormément que la conversation ne soit pas trop et uniquement tournée vers moi. « Je sais que t'es la sœur de Charles ... Ça tout le monde le sait. Je sais aussi que t'es chiante. Mais à part ça rien. » Oui, moi aussi j'étais curieux ; ça ne serait pas mal d'en savoir un peu plus sur elle.

Spoiler:

Je pris un petit air fier en l'entendant confirmer que je n'étais pas mademoiselle tout le monde. C'est clair. Les Callaghan sont exceptionnels, même si les gens aiment trouver des défauts aux membres de cette famille, il y en a très peu. Puis je roulais des yeux en entendant la suite... Je haussais les épaules lorsqu'il me dit cela. Insensible... C'est vrai qu'en apparence, je semble insensible mais ce n'est pas vraiment le cas. Avec le temps, j'ai simplement apprit à être honnête, et à ne pas me voiler la face. Ce n'est pas parce que quelqu'un pleure quand son poisson rouge, que moi je vais pleurer. Ce n'est pas parce qu'on me dit que quelqu'un a été adopté, que je vais pencher la tête en pleurnichant, surtout quand apparemment, la personne en elle-même n'a pas l'air aussi bouleversée que cela. Les choses qui me touchent sont celles qui me concernent, moi ou mon frère, on encore mes amis très proches, et je juge en fonction des événements. Après, oui vous direz que je suis un robot qui calcule tout, ce qui doit l'émouvoir ou pas... Mais vous aurez tort, car ce n'est pas le cas. Vous ne me connaissez pas, et vous ne me connaîtrez sans doute jamais, si vous n'en valez pas la peine. « Tout le monde n'est pas touché par la même chose, tu sais », dis-je simplement. Cependant, après avoir haussé les épaules, je fus obliger de lâcher un petit rire en entendant sa réplique « La fille insensible également ». Je me doutais bien que je pouvais mettre mal à l'aise les gens, avec mes questions très directes. Non, je n'y vais pas par quatre chemins, même sur des sujets délicats. Je ne suis pas très douée, ni délicate, je n'y peux rien. Alors que j'aurais pu me vexer, le fait qu'il prenne son temps à répondre ne me dérangeait pas, et il pouvait même ne pas le faire, j'aurais parfaitement compris. L'alcool me rend un peu plus tolérante, apparemment « Tant mieux si ton adoptif a rattrapé ton enfance merdique. », répondis-je en esquissant un petit sourire. J'écarquillais les yeux en l'entendant parler de sa mère de cette manière, ne m'attendant pas à ça... Vraiment pas. Mais bon, apparemment, lui aussi était tombé sur une mauvaise mère... « Ah oui... T'as pas été gâté, dis moi... », lançais-je en grimaçant un peu. Je buvais de nouveau, trouvant que pour une fois l'alcool faisait bien son boulot, et qu'il n'y avait pas que des points positifs dedans... La preuve avec cette soirée. Je haussais les sourcils, continuant de boire, me pointant du doigt. Je posais mon verre en souriant « Moi je trouve qu'on parle souvent de moi au campus, mais ça suffit pas apparemment ! ». Oui, une fois était sure, infos ou intox, on entendait pas mal de choses sur moi, parce que le nom des Callaghan ne laisse personne indifférent ici. Mais à l'évidence, Nathan n'en retenait aucunes, et quelque part, cela me faisait plaisir... Il n'écoutait pas les ragots, et ne prétendait pas me connaître à travers les stupidités des gens. Je secouais un peu la tête, toujours en souriant un peu en l'écoutant... Puis je me penchais un peu, pour me rapprocher de lui, le regardant droit dans les yeux « Très bien. Qu'est-ce-que tu veux savoir sur la fille chiante et insensible, Nathan ? ». Je ne savais pas trop quoi dire sur moi, étant donné que nous étions en train d'aborder des thèmes qui ne me plaisaient pas tellement, dont la famille... J'eus comme une illumination « Si tu veux tout savoir, t'entendre parler de ta mère biologique de cette façon ça me choque pas tellement. Ma mère était une conne, sobre par contre, mais conne. Alors ça nous fait un point commun. », dis-je en me mordant la lèvre. Foutu alcool, finalement, je ferais mieux de m'en méfier...

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Cerner la personnalité d'Eleanor n'était pas une chose facile. Même si je prétendais savoir qu'elle se donnait une certaine image de fille forte devant les gens, je ne la connaissais pas réellement. En plus de ça, elle ne me facilitait pas les choses. Mais après tout, on ne pouvait pas forcer quelqu'un à parler de lui, quand on ne voulait soi-même pas le faire. C'était surtout l'alcool qui me déliait ainsi la langue ; en temps normal Eleanor et moi ne serions même pas là à nous parler. C'était une première. « Tout le monde n'est pas touché par la même chose, tu sais » Je me contentais de hausser les épaules. N'empêche que les gens en général laissaient entrevoir un semblant d'émotion. Je ne demandais pas à ce qu'elle pleure à ce que je lui disais ou même quoique ce soit d'autre. Je parlais du général ; à mon avis le seul sentiment que j'avais vu Eleanor exprimer, c'était la colère. Mais je ne disais rien de tout cela, je préférais garder ça pour moi. En tout cas, la blondinette ne faisait pas trop dans la discrétion ou la délicatesse. Pour ce qui était du tact, elle en manquait sacrément. Mais je n'allais pas lui reprocher ça ; c'était dans sa nature. Je n'aimais pas parler de mon enfance mais à mon avis elle s'en foutait un peu. Elle ne m'y forçait pas mais je lui en parlais. J'allais sûrement mettre ça sur le compte de l'alcool une fois de plus. Sa réflexion me fit rire. A vrai dire, Eleanor était la seule personne qui abordait ce sujet avec moi, sur un ton léger et avec humour. C'était plaisant car elle n'en faisait pas un drame. "Merdique... Crois-moi, tu n'aurais pas trouvé mieux pour définir mon enfance dis-je simplement en riant. Une enfance merdique que je ne pouvais malheureusement pas changer. Je préférais donc ne pas en parler très souvent. Je voulais changer de sujet car vu comme on était parti, la discussion allait se porter sur moi pendant encore un moment. Et pendant ce temps là, moi je ne savais pas grand chose sur la Callaghan. "On parle peut-être souvent de toi sur le campus mais sache deux choses : je ne suis pas "on", et c'est la vraie version de toi que je veux connaître Je lui adressais un petit sourire amusé. Elle n'allait pas se défiler ; pas avant que je sache ce que je voulais savoir. Je ne pouvais certes pas tout savoir mais au moins quelques petits choses comme elle venait d'en apprendre à mon sujet. A ma grands surprise, Eleanor n'avait pas trop résisté et avait parlé, du premier coup. Je haussais un sourcil en remarquant qu'elle se mordait la lèvre. À mon avis, ça n'était pas quelque chose dont elle aimait parler. Apparemment elle aussi était mal tombée niveau mère. Je levais mon verre. " À nos mères, sans qui l'on se porte mieux que jamais." J'affichais un sourire amusé. Certaines personnes auraient trouvé cette scène affligeante mais moi ça me faisait rire. Je me penchais un peu plus sur la table pour regarder Eleanor dans les yeux. "Je ne veux pas être trop indiscret mais ... Pourquoi dis-tu "elle était" ? Elle parlait de sa mère au passé. La réponse semblait évidente mais je n'en étais pas sûr. Je buvais un nouvelle gorgée de mon verre avant de m'intéresser à nouveau à la blondinette. Dis moi ; Teddy pense-t-il la même chose que toi au sujet de votre mère ? Qui sait ? Après tout c'était peut-être le jugement d'Eleanor qui était trop dur envers sa mère.

J'adorais voir la stupéfaction de certaines personnes face à mon insensibilité apparente face à quelques évènements, ou propos. Il faut savoir intérioriser dans la vie... Enfin, moi, je n'intériorise pas vraiment, je m'en fiche. Oui, je me fiche bien des émotions des gens, de leurs vies, de leurs états d'âmes... Les gens viennent à moi, je ne viens pas à eux. Je les intéresse, mais ils ne m'intéressent pas. Je suis sans doute nombriliste, égoïste ou je ne sais quoi, mais ce qui ne touche pas MON entourage (mes vrais amis, mon jumeau et MOI), cela passe comme un courant d'air. En gros, je ne vais pas pleurer la mort de quelqu'un que je ne connais pas, ni même faire semblant d'être triste, ni rien. Je n'ai pas pleuré pour mes parents, je ne vais pas me rouler par terre pour des étrangers. Et après tout: on vit pour mourir. Quelle philosophe, je vous jure. Mais pour être tout à fait honnête, ce soir, je réalisais vraiment que Nathan m'intriguait, qu'il y avait quelque chose... L'alcool, me direz vous, mais pas seulement. J'avais réellement envie d'en savoir un peu plus, et de modifier mon jugement un peu trop dur sur le jeune homme, qui avait sans doute pas mal de préjugés sur moi, ce qui était tout à fait réciproque... Jusqu'à maintenant. J'espérais secrètement que notre relation, après cette soirée, allait s'améliorer. Je n'attendais rien de lui, je ne voulais absolument pas devenir sa confidente, sa meilleure amie ou quoi que ce soit... Nous verrons bien où tout cela nous mènera, mais en le voyant s'ouvrir un peu, je ne me voyais pas trop cracher mon venin en plein dans sa face tous les jours. Sauf en cas de provocation ou d'humeur massacrante, cela va de soi. Eh, on change pas une équipe qui gagne, hein. Je ne parvins pas à réprimander un sourire radieux en le voyant rire ainsi puis je pris un petit air satisfait en l'entendant dire cela. J

e me pinçais les lèvres, étouffant un petit rire, légèrement surprise d'entendre Nathan parler ainsi « C'est vrai... J'ai l'impression d'être une sorte d'énigme. Je sais pas si tu vas survivre face à la vraie Eleanor Callaghan », plaisantais-je en prenant un air un peu mystérieux. Oui, je plaisante, je surjoue, avec Nathan en plus... Tout arrive. En effet, je n'avais pas tardé à lui révéler que je n'appréciais pas vraiment pas mère, voire même pas du tout. Peu de gens savent pourquoi, personne ne connait mon histoire. On dit juste que mes parents sont morts, on sait que je m'en fiche royalement, que je suis rancunière, mais on ne sait pas pourquoi. Je ne m'en cache pas, quand on est mielleux en parlant de ses parents, je ne le supporte pas. Pas par jalousie... Non. Certains sont dégoûtés par l'amour car ils ont souffert, moi, je suis dégoûté par la parentalité, chacun son truc. Je riais légèrement en l'entendant porter un tel toast après avoir levé son verre. Je le levais également approuvant carrément ses propos. « Amen ! », m'exclamais-je en trinquant avant de boire un peu et de le reposer, gardant le verre entre mes mains.

Je restais penchée, observant Nathan faire de même pour plonger son regard dans le mien, laissant un espace restreint entre nos deux visages. Je restais silencieuse, détournant le regard un court instant, les sourcils froncés avant de reporter mon regard sur le joli blond « Parce qu'elle est morte, mon père aussi d'ailleurs mais lui c'est pas pareil... C'est pour ça que je suis venue vivre à Jersey. ». J'avais déballé ça sans la moindre émotion, du moins, en apparence. J'étais hors de moi, mais je tentais de me contenir. Parce que oui, je n'aimais pas mes parents, mais j'en détestais un plus que l'autre. Ma mère, en l'occurrence. Je buvais presque cul sec mon verre, comme pour me donner du courage, sachant parfaitement que j'allais encore attiser sa curiosité, chose normale. Je posais le verre, posant la main sur ma bouche pour tousser, m'étant presque étouffée en l'entendant me demander ça. Je me sentais assez mal à l'aise. Je me reculais un peu, passant ma main dans mes cheveux ondulés, croisant ensuite les bras... J'étais nerveuse, je ne parvenais pas à le cacher. Parler de moi, j'adorais, mais pas de mon passé, parler de mes parents était une chose difficile, donner mon avis sur eux, encore plus, alors si en plus nous parlions de l'avis de mon frère... Je lâchais un petit « Hmm... » avant de soupirer. Je haussais les épaules, avant de répondre, sans regarder Nathan « Il pense la même chose... mais... comme on en parle très rarement, voire même jamais... ». Je roulais des yeux avant de reprendre « Disons qu'on gère tout ça d'une façon différente même si on est du même avis. Je suis beaucoup plus... haineuse que lui, tu vois. Lui, il peut en parler un minimum, regarder une photo d'eux. Moi, pas. ». Je serrais les dents, secouant un peu la tête « Si on m'avait dit que je te parlerais de ça un jour, j'aurais éclaté de rire. Si on pouvait éviter de s'étaler sur le sujet, ce serait cool... »

Entre ce qui se disait sur Eleanor sur le campus et ce qui était probablement vrai, il devait certainement y avoir une très grande différence. J'en était sûr ; car les rumeurs sont rarement le reflet de exact de la réalité. C'était un fait. Je n'étais pas le genre de personne à prêter attention à tout ce qui se disait et encore moins à y croire. Peut-être que c'était vrai ; mais je voulais quand même être sûr de ce que je souhaitais savoir. Pour moi, avoir la vraie version d'Eleanor, signifiait simplement en apprendre plus sur elle, par elle-même. Je la regardais l'air un peu amusé ; elle avait quand même un peu d'humour la Callaghan. "Si jusqu'ici j'ai pu te supporter, je crois donc bien que je suis immunisé contre tout ce qui pourrait suivre." J'ai eu à faire à Eleanor la furie à plusieurs reprises. Donc franchement, plus rien ne me choquerait venant d'elle ... Enfin, je crois. Je ne savais pas pourquoi je manifestais autant de curiosité à son égard ce soir. On ne s'était jamais vraiment apprécié elle et moi. En fait, je dirais même qu'on ne s'était jamais vraiment supporté tous les deux. On avait tous les deux des caractères de merde ; peut-être que c'était de là que venait problème. En tout cas, l'alcool faisait bien son boulot ce soir. La blondinette et moi semblions avoir enterré la hache de guerre. Du moins, pour le moment. Ce que je voulais maintenant, c'était en savoir plus sur elle, car cette occasion n'allait sûrement pas se représenter. Je remarquais qu'elle n'avait pas été chanceuse niveau mère, elle non plus ; apparemment, elle ne portait pas la sienne dans son cœur, ce qui souleva un peu plus ma curiosité et je n'étais pas du genre à y aller par quatre chemins. En entendant ce qu'elle me dit, j'écarquillais les yeux avant de grimacer. Ça alors, je ne m'y attendais pas. Sur le coup, j'avais voulu lui dire, "désolé, je suis navré" mais je m'étais ravisé. Elle n'en voulait pas, j'en étais certain. Je me contentais de la regarder les yeux légèrement plissés. Elle avait l'air de quelqu'un qui s'en foutait que ses parents soient morts. Je secouais légèrement la tête. J'apprenais une chose de plus sur Eleanor : elle était douée pour cacher ses émotions. Même la personne la plus insensible du monde, ressentirait ne serait-ce qu'un petit quelque chose en disant un truc pareil. Toutefois, je gardais une fois de plus cette réflexion pour moi car je n'en avais pas fini avec elle. Ma dernière question semblait l'avoir prise de court. Sa réaction me fit sourire. J'étais curieux de savoir l'avis de Charles sur tout ça, car vu le tempérament de feu de sa sœur, elle me donnait peut-être une version trop personnelle de la vérité. Elle semblait mal à l'aise. Comme c'était drôle, quelques instants plus tôt je me trouvais dans la même situation. Ce que je pouvais retenir au final, c'était qu'Eleanor était sûrement en mauvais termes avec ses parents, même si pour Charles ça devait être moins le cas. J'allais m'arrêter là pour cette fois-ci. "Je sais. Pour moi aussi, la simple idée d'être assis ensemble sans nous lancer des piques m'aurait fait rire". Cette situation était d'ailleurs étrange. Étrange mais sympa. Eleanor n'avait plus envie de parler d'elle, je le sentais. Je n'allais donc pas insister car de toute façon je n'aurais jamais pu en espérer autant de sa part. D'ailleurs je ne sais pas ce qu'il l'avait poussé à parler. L'alcool sûrement.
Bref, je j'étais un rapide coup d'œil à ma montre. "Ce n'est pas que je n'aime pas l'endroit ni ta présence mais, je crois que je vais bouger d'ici." Je me levais, le pas un peu flottant avant de me remettre en équilibre. A la base j'étais venue ici pour me changer les idées et peut-être trouver une jolie fille avec qui finir la soirée. A la place, j'étais tombé sur Eleanor, ce qui avait tout changé. Il commençait à se faire tard, et je n'avais plus envie de rester ici. Je prenais la bouteille d'alcool qui restait sur la table avant de regarder la blondinette. "Je te rassure, je ne suis pas venu en voiture. Je n'avais pas spécialement prévu de me souler mais maintenant que j'avais commencé, je ne pouvais pas m'arrêter aussi facilement à vrai dire. Bref, je lui fis un simple signe de la tête, en guise d'au revoir avant de me diriger vers la sortie. A quelques mètres de celle-ci, je m'arrêtais et revenais sur mes pas. Je m'éclaircissais la voix en regardant Eleanor. "Tu ... tu veux que je te raccompagne ? ... C'est pas très prudent, une fille qui sort seule tard la nuit." L'excuse la plus bidon du siècle, sachant que le campus n'était qu'à quelques minutes de marche et que Jersey était l'endroit le moins dangereux que je connaissais. Le fait était-il que, sans pouvoir réellement m'expliquer pourquoi, j'aimais bien la présence de la blondinette. Ça me paraissait bizarre et effrayant à la fois.

« Oui c'est vrai ! », avais-je répondu simplement en l'entendant dire ça. C'est vrai que vu notre relation, passer une soirée ensemble était un véritable défi, une épreuve, une tare même. Et au final, on parvenait à survivre ensemble. Je fus soulagée en voyant que Nathan n'avait pas l'intention d'insister plus sur le sujet, sur mes parents... Finalement, il n'était pas aussi bourrin que ça, et il pouvait se montrer futé et compréhensif. Deux points de plus pour le joli blond. Alors que je tournais la tête pour regarder les gens qui peuplaient le pub, je vis du coin de l’œil le jeune homme regarder sa montre et m'annoncer rapidement son départ. Un peu surprise, je le suivais du regard alors qu'il se levait « Euh d'accord... Pas de problème. Bonne fin de soirée ! ». Je fronçais les sourcils en le voyant attraper la bouteille alors qu'il avait eut du mal à retrouver l'équilibre après s'être levé « Nathan... ». Automatiquement, il me coupait pour me rassurer et me dire qu'il n'était pas venu en voiture. Je ne m'en fais pas..., pensais-je à ce moment précis. Puis après quelques secondes, j'avais envie de souffler de soulagement. Bien sûr que si, je m'étais inquiétée, et il l'avait vu. Depuis quand le sort des autres m'importe ?! L'alcool rend les gens aimables, en fin de compte, ou alors chez moi, ça fait l'effet inverse... Bizarre, il faudrait faire appel à la science. Bon j'exagère un peu, mais quand même ! Je répondais à son signe de tête par un petit sourire, avant de le regarder s'en aller. J'avais décidé de rester encore un peu, n'ayant absolument pas le courage de me lever et de rentrer, vu l'état dans lequel je me trouvais. Je m'appuyais un peu sur le table, accoudée, regardant droit devant moi, ignorant le bruit tout autour, totalement perdue dans mes pensées. J'étais déçue qu'il soit déjà partie, je dois bien l'avouer. Je sursautais légèrement en entendant Nathan derrière moi. Je me tournais un peu pour voir le jeune homme, et l'écouter. Je laissais un joli sourire étirer mes lèvres, ainsi qu'un petit air surpris qui me fit hausser un peu les sourcils. En temps normal, je l'aurais envoyé promener, genre tu me prends pour qui, j'ai pas besoin qu'on m'escorte, dégage.. Parce que oui, même si on ne dirait pas, à la moindre occasion, si je peux, je me bats alors du coup, je ne suis pas très peureuse et un peu fonceuse voyez vous... Saoule ou pas, je me débrouille. Mais ce soir, c'était différent. Ca me faisait plaisir qu'il me propose ça, et ça m'amusait aussi. Dans un petit rire, je répondais « Oui, je veux bien... ce serait sympa ». Nous avions passé une soirée plutôt cool, et on s’apprêtait à rentrer ensemble. Il va y avoir une pluie de météorites très prochainement, c'est moi qui vous le dit. Mais finalement, j'appréciais sa compagnie... Je ne me prenais pas vraiment la tête sur le pourquoi du comment, pour une fois que je pouvais être sympa sans me forcer et sans réfléchir, je prends. Surtout si c'est avec un beau mec comme Nathan, hein. Je me levais donc, m'appuyant avec précaution sur la chaise que je venais de quitter afin de ne pas tituber violemment. Je me sentais bien, mais mes yeux me jouaient des tours... Je passais mon bras sous celui de Nathan, tant qu'à faire, puis nous nous dirigions vers la sortie. Je lâchais, amusée, « J'espère avoir des souvenirs clairs de cette soirée, sinon, ça va me paraitre absurde tout ça ! »

Je buvais rarement comme je l'avais fait ce soir. Et quand ça arrivait, en général je regrettais amèrement le lendemain. En effet ça n'avait rien de plaisant de se lever avec une gueule de bois. Je n'étais pas soûl comme ces mecs qu'on voyait parfois et qui ne pouvaient même pas mettre un pieds devant l'autre. Toutefois, je n'étais pas sobre non plus. J'arrivais juste à garder un brin de lucidité, surtout sachant que je me trouvais en présence d'Eleanor. Je ne pouvais pas me permettre de dire n'importe quoi à mes risques et péril. Le fait que je veuille rentrer n'était cependant pas lié à ça. J'en avais juste un peu marre de rester dans ce pub, même si la soirée avait été aussi intéressante qu'inattendue. L'air inquiet qu'avait affiché Eleanor pendant quelques secondes me rendit perplexe. Peut-être que j'interprétais  mal cette scène, mais il m'avait semblé que mon état l'avait soucié pendant quelques instants. Je secouais la tête, chassant cette idée un peu loufoque. J'avais certes envie de m'en aller, mais j'avais encore envie de passer quelques minutes avec la jeune blonde. Incroyable mais vrai. Comme quoi la conversation que nous avions eu avait quelque peu changé le jugement que je lui portais. Je lui proposais donc de l'accompagner, étant donné qu'on allait au même et qu'il faisait tard. Je m'attendais à ce qu'elle dise non, mais à ma grande surprise elle dit oui. Quelque chose ne devait sûrement pas tourner rond, chez nous. Son rire me fit sourire. Ou peut-être étais-je juste content qu'elle accepte... La regardant se lever avec quelques difficultés, je haussais un sourcil. « À mon avis, c'est toi qui as le plus besoin d'aide. » Bref, je jetais un dernier regard derrière moi alors que nous nous dirigions vers la sortie. Le bras d'Eleanor sous le mien... C'était bizarre mais pas désagréable. Il faisait plus frais à l'extérieur, et un léger vent soufflait. Je ris un peu en entendant Eleanor. « Qui sait ? Peut-être qu'on est juste dans un rêve. Car ça me semble beaucoup trop beau pour être vrai tout ça. » L'alcool me faisait dire des conneries c'était certain. Y'avait rien d'irréel dans tout cela ; on arrivait tout simplement pas à reconnaître que c'était bien vrai. J'ai toujours pensé et je pense toujours qu'Eleanor était une jeune femme pourrie gâtée et sans gêne. Cependant elle n'était pas que ça et c'est justement là que je m'étais longtemps mépris à son sujet. Je marchais en regardant droit devant moi. « Je pense que je t'ai jugé un peu trop vite. Tu n'es pas aussi mauvaise que je le pensais. Je n'avais juste pas essayé de te connaître. » Je ne prétendais pas la connaître de A à Z depuis cette soirée, mais je savais quelques petites choses qui me prouvaient que je m'étais trompé.
Le campus n'était pas très loin du pub. En même temps Jersey n'était pas immense ; ça restait une petite île où tout se savait. Je regardais Eleanor pendant un court instant puis souriais. Certes quelque chose m'amusait, mais quelque chose de bien idiot. Je la regardais ensuite d'un air que je voulais sérieux. « On t'a jamais dit qu'Eleanor c'est un prénom qui fait vraiment vieille fille ? » Je la provoquais, la taquinais car ses réactions étaient toujours amusantes.

Je secouais rapidement la tête en l'entendant dire ça. Je n'avais pas besoin d'aide, c'est bon je tiens bien l'alcool et tout ça... Juste que quand on se lève brusquement forcément c'est un peu chaud. En sortant, j'avais passé mon bras sous le sien, et je ne le lâchais pas une fois dehors. Je suis un peu tactile par moment... Et là je suis sobre hein. Je l'écoutais parler, en souriant puis... « Dis donc Nate c'est presque mignon ce que tu dis là !  », lançais-je en prenant un air surprise et en riant. Je lui pinçais doucement la joue « Alors, on a rêvé cette soirée ?! ». Je le laissais tranquille, cessant de le taquiner pour un petit instant, mais je riais toujours en repensant à sa phrase, même cinq minutes après. Je me ressaisissais cependant en l'entendant reprendre la parole, afin de l'écouter attentivement. Je souriais puis je tournais la tête vers lui, le regardant involontairement d'un air tendre -moi qui passais mon temps à le fusiller du regard en temps normal, ça changeait- « Tu sais quoi ? Moi aussi j'avoue que j'ai eu tort pour une fois... », oh bah ça... Il n'y a que l'alcool qui peut me faire dire que j'ai eu tort, bref « ... t'es pas un abruti à 100% finalement, il y a du bon chez toi. On est tellement bornés qu'on a jamais essayé de faire un effort pour apprendre à se connaître !! ». Mieux vaut tard que jamais, comme on dit. J'étais contente d'avoir passé cette soirée avec lui et je ne sais absolument pas comment on va se comporter demain matin, avec la gueule de bois ET les évènements qui vont revenir. Franchement, je pense que je me comporterais mieux avec lui, même si les conflits ne vont pas disparaitre vu nos caractères. J'avais détourné le regard pour regarder devant moi, levant les yeux un court instant pour contempler les étoiles. Le ciel était sublime, vraiment. Bon... c'était un peu flou, mais beau. Alors que je me perdais dans mes pensées, comme hypnotisée par le claquement de mes talons sur la route, je tournais lentement la tête vers Nathan, en roulant des yeux, une moue boudeuse sur le visage « Hééé non mais ça va toi !? », je lui mettais une grosse tape sur l'épaule « T'sais quoi ? Finalement t'es un naze à 99% ! Monsieur SHAWN Nathan... ». Je le fusillais du regard, tout de même amusée par sa petite provocation avant de pouffer de rire « Avec ton nom de pouf... Gigolo va. », je pris un petit air de peste avant de rire un peu.

Ah bah j'espérais bien que non, que l'on avait pas rêvé et que tout ceci était bel et bien réel. Car sinon ce serait dommage, on commençait juste à bien s'amuser ensemble. Je pris un air faussement blessé lorsqu'Eleanor me pinça la joue. Ouais j'aimais bien exagérer les choses quelques fois. Ça faisait partie de mon charme L'air à l'extérieur était assez agréable. J'inspirais profondément en espérant que ça me rende les idées un peu plus claires. Et puis avouer à Eleanor que je m'étais trompée à son sujet méritait tout de même un peu de lucidité. Ce n'était pas le genre de chose qu'il fallait oublier, surtout pas après une soirée comme celle là. Le regard qu'elle me lança me fit détourner les yeux quelques secondes. Il manquait plus que ça, qu'elle soit attendrie par mes paroles. C'était vraiment le monde à l'envers. « Tâche de t'en souvenir. Je ne pense pas le répéter de si tôt. » Je dis ça avec un petit rire. Sa dernière remarque me fit également sourire. Elle savait faire preuve de tellement de tact cette fille ... « Je te remercie. C'est toujours très agréable de savoir qu'on n'est pas totalement abruti » Ironie quand tu nous tiens. Toutefois, entendre Eleanor reconnaître qu'elle avait tort était aussi une première. Je souriais un peu comme un idiot à cet instant. Après être restés quelques minutes à marcher en silence, je n'avais pu m'empêcher de sortir une remarque débile sur le prénom de la jeune blonde. De la provocation à l'état pur, j'avoue. Son air offusqué déclencha mon rire. « Après abruti, c'est débile maintenant ? Ah bah, très flatteur le portrait que tu viens de me dresser là. » Pas satisfaite, elle en rajouta une couche. Je la regardais l'air faussement choqué. « Moi ? Avoir un nom de pouf ? Pff. N'importe quoi ; tu tuerais pour t'appeler Nathan, car franchement Eleanor, ça le fait vraiment beaucoup moins. » C'était clair qu'on avait bu pour débattre ainsi comme des idiots à propos de prénoms.
Quelques minutes plus tard, on était déjà à l'entrée du campus. Vu l'heure qu'il était, pas étonnant qu'il n'y ait pas un chat dans le bâtiment des Zeus. Enfin, sauf les rares personnes qui allaient faire la fête jusqu'au petit matin. Ça n'allait toutefois pas être mon cas ce soir. Tout ce que je voulais, c'était retrouver le confort de ma chambre. Une fois devant la porte du dortoir, je fis signe à Eleanor ne pas faire de bruit. « Les gens risquent d'avoir une crise cardiaque en nous voyant trainer ensemble. » Je chuchotais ça avant d'entrer. Sans prendre la peine de vérifier s'il y avait quelqu'un debout, mes jambes trouvèrent rapidement la porte de ma chambre. Je me retournais ainsi vers Eleanor et la regardais avec un petit sourire. « Tu es rentrée saine et sauve grâce à moi. Tu m'en dois une. On dit merci qui ? » Je pris un air que je voulais supérieur, tout en guettant sa réponse.